Au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron a recueilli près de 28 % des suffrages. Ce socle de départ est large – sans doute même trop large dans la mesure où, davantage encore que les précédentes, cette élection présidentielle a été marquée, notamment dans ses derniers jours, par un vote stratégique qui a gonflé les voiles aussi bien d’Emmanuel Macron que de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon. Mais ces 28 % ont été une réalité il n’y a pas si longtemps et constituent à la fois un point de repère et un potentiel électoral : ce sont donc les 2 000 répondants du panel électoral d’avril de l’enquête Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde, ayant voté pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle qui sont au centre de cette étude.
Pour comprendre le score de 16 % d’intentions de vote auquel plafonne aujourd’hui la liste Renaissance et mesurer les possibilités de rebond, il faut partir à la recherche des électeurs macronistes perdus.
Que sont-ils devenus ? Une première réponse consiste à détailler les intentions de vote : 50 % d’abstention et, parmi les 50 % de votants, 56 % pour la liste Renaissance, 16 % pour la liste Parti socialiste – Place publique, 7 % pour la liste des Républicains, 6 % pour la liste du Rassemblement national et 3 % pour la liste des Ecologistes. Auxquels il faut ajouter 6 % qui se répartissent sur d’autres listes et 6 % qui ne se prononcent pas pour l’heure. Mais ces résultats doivent être mis en perspective et, surtout, approfondis.
Une seconde réponse permet d’aller bien au-delà de ces chiffres. En examinant leur profil socio-démographique, leur identité européenne, leur positionnement politique et leurs convictions économiques et sociales, on peut comprendre ce qui distingue et ce qui rapproche les quatre grandes catégories d’électeurs macronistes : appelons-les, en partant de leur origine – le vote de 2022 – et de leur destination – l’intention de vote en avril 2024, les macrono-abstentionnistes, les macrono-macronistes, les macrono-socialistes et les macrono-républicains.
Le profil socio-démographique
Si l’on s’en tient à deux critères objectifs – l’âge et la profession – et à un critère subjectif – le niveau de satisfaction dans la vie –, un premier clivage se dessine entre les macronistes qui votent et ceux qui ne votent plus.
Les macronistes de 2022 qui votent en 2024 – et ce, quel que soit leur vote – sont âgés : il y a 54 % d’électeurs de plus de 60 ans chez les macrono-républicains, 60 % chez les macrono-socialistes et même 68 % chez les macrono-macronistes. En revanche, différence majeure, il n’y en a plus que 32 % chez les macrono-abstentionnistes.
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