Reconquête ! se divise sur la stratégie à adopter face au RN

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Marion Maréchal n’a croisé aucun judoka dans le gymnase David-Douillet de Charvieu-Chavagneux, mercredi 3 avril. La tête de liste Reconquête ! aux européennes a cependant déjà fait sien l’un des principes du sport martial : s’adapter plutôt que s’opposer à la force de l’adversaire ; en l’occurrence Jordan Bardella, qui caracole en tête des intentions de vote du scrutin du 9 juin.

De passage dans l’Isère, la trentenaire a défendu – et répété – son refus d’attaquer frontalement le représentant du Rassemblement national (RN). « Je pense qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire et de combat », a-t-elle martelé juste avant de monter sur scène : « Dans ces élections européennes, mes adversaires prioritaires sont d’abord la fausse droite, que je considère aujourd’hui incarnée par Les Républicains [LR] (…), et la vraie gauche, incarnée à la fois par le socialisme de Monsieur Glucksmann et LFI [La France insoumise]. »

La petite-fille de Jean-Marie Le Pen explique qu’elle refuse de s’aliéner un possible allié, tandis que certains y voient des atermoiements qu’ils imputent à ses liens familiaux et passés avec le RN. « Si on trouve le chemin nécessaire au Parlement européen pour peser [sur des votes communs], j’espère qu’on trouvera demain le chemin pour travailler ensemble en France », soutient l’ancienne députée du Vaucluse, portée par la « nécessité stratégique électorale de la coalition de droite ». Marion Maréchal ne pouvait pas plus clairement maintenir la ligne de fracture qui déchire son actuel parti sur la position à tenir face au RN.

Fuite des électeurs

Reconquête ! n’a pas attendu ce printemps pour s’enliser dans les divisions. Deux clans s’étaient déjà formés depuis le lancement de la campagne, en septembre : d’un côté, les fidèles de la première heure d’Eric Zemmour, réunis autour de sa principale conseillère et compagne Sarah Knafo ; de l’autre, les proches de la première de liste, dont l’amitié remonte pour certains à leur passage au Front national (FN, devenu RN). Mais la révélation, fin mars, dans Le Point, d’un déjeuner tempétueux entre les deux têtes d’affiche du parti d’extrême droite a exacerbé les divergences stratégiques qui structurent leurs discours respectifs ; particulièrement les dissonances dans les attaques réservées − ou évitées – à Jordan Bardella.

Le dauphin de Marine Le Pen cristallise l’attention de Reconquête ! depuis que les sondages témoignent d’une possible fuite en sa faveur d’anciens électeurs d’Eric Zemmour à la présidentielle de 2022. 41 % d’entre eux s’apprêteraient à voter pour le RN, en juin prochain, selon la troisième vague de l’enquête électorale menée par Ipsos (du 1er au 6 mars), en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean-Jaurès et Le Monde. Loin de convenir d’un même discours susceptible de décourager les fugues, la direction de Reconquête ! livre deux visions antagonistes du RN.

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