Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française, débute sa première tournée africaine dans trois pays « où les relations bilatérales sont bonnes »

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Après une annus horribilis 2023, la diplomatie française a à cœur de repartir d’un meilleur pied en Afrique. A l’heure où son influence s’est effondrée au Sahel et où le sentiment antifrançais est devenu une rhétorique populaire dans certains pays où Paris était encore prééminent il y a peu, elle cherche à prouver qu’elle reste la bienvenue dans d’autres contrées du continent.

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« Il faut que la France montre qu’elle investit du temps là où ses relations bilatérales sont bonnes. Nous voulons réaffirmer que l’Afrique est une de nos priorités », explique un diplomate. Pour sa première tournée africaine depuis sa nomination au gouvernement, du samedi 6 avril au lundi 8 avril, le ministre français des affaires étrangères Stéphane Séjourné a choisi des escales a priori accueillantes.

Kenya, Rwanda, Côte d’Ivoire : quelque 20 000 kilomètres depuis Paris pour illustrer qu’il « y a des partenariats fructueux pour la France en Afrique », souligne le Quai d’Orsay. « Notre relation avec les pays africains n’est pas fondée sur le tout-sécuritaire et sur les liens historiques. On ne veut pas se laisser enfermer. Elle s’étend sur tous les plans, économique, culturel, sociétal, mémoriel… », poursuit-il.

« Chasses gardées »

Cette tournée s’inscrit dans la ligne impulsée par Emmanuel Macron à son arrivée au pouvoir. « Je suis d’une génération qui n’a pas connu l’Afrique coloniale » mais la « victoire de Mandela sur l’apartheid », clamait-il en 2017, avant de prôner des partenariats avec de nouveaux Etats et sous de nouvelles formes. Mais alors que le président français semble sans cesse rattrapé par les fantômes du passé – adoubant une succession dynastique au Tchad, effectuant en 2023 une tournée au Congo de Denis Sassou-Nguesso ou au Gabon d’Ali Bongo –, le nouveau ministre des affaires étrangères est chargé de faire oublier les faux pas et les incompréhensions.

Vierge de tout lien passé avec le continent, Stéphane Séjourné entend montrer que Paris a compris que l’Afrique « est au bout d’un cycle historique » commencé au milieu du XXe siècle, celui « d’une décolonisation inachevée »« la France avait conservé des “chasses gardées” et des “prérogatives régaliennes” », comme l’écrit le philosophe camerounais Achille Mbembé dans le dernier numéro de la Revue internationale et stratégique.

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Premier arrêt donc, chez un des nouveaux alliés, anglophone, de la France : le Kenya. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le président William Ruto s’est imposé comme un interlocuteur privilégié de l’Europe et des Etats-Unis. A la demande de Washington, Nairobi s’est engagé à prendre la tête de la force d’intervention des Nations unies en Haïti, dont le déploiement est suspendu à la mise en place d’organes de transition depuis la démission du premier ministre haïtien début mars.

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