Home Politique un débat politique serein est-il possible à l’heure des « vérités alternatives » ?

un débat politique serein est-il possible à l’heure des « vérités alternatives » ?

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L’arroseur arrosé. A la veille du premier tour, samedi 29 juin, le parti Renaissance a dû changer le nom d’un site lancé deux jours plus tôt, Maretraitenupes.fr. Ce simulateur, objet d’une communication du premier ministre, Gabriel Attal, était supposé montrer les effets concrets des propositions du Nouveau Front populaire (NFP) sur les retraites. Lancé sans mentions légales, avec un nom qui pouvait laisser penser à un site « officiel » du NFP, il se basait sur des hypothèses anachroniques pour maximiser les effets imputés au programme de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (l’ancien nom de l’alliance des gauches).

Il a été aussitôt l’objet d’une procédure en référé, pour « diffusion de fausses informations », un délit créé en 2018 par la loi contre la manipulation de l’information. « C’est ironique, relève le philosophe Mathias Girel, maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de Paris, qui travaille sur la désinformation. Cette loi a été lancée par le gouvernement pour répondre à des opérations de déstabilisation venues de l’étranger. » Le site, rebaptisé Alertesretraites.fr, précise désormais qu’il s’appuie sur une proposition de loi de 2023, et non sur le programme du NFP.

Si l’exemple est emblématique, dans l’ensemble, la campagne des législatives, par sa brièveté, n’a pas « pas été une campagne d’intox, comme on pouvait le redouter », nuance Sylvain Delouvée, maître de conférences en psychologie sociale à l’université Rennes-II, qui fait le distinguo entre désinformation et « propagande politique, que tous les partis pratiquent ».

La nuance est parfois subtile : des élections européennes à cette campagne éclair des législatives, les débats sur le fond et les programmes ont été éclipsés par les querelles de personnes et de positionnement – essentiellement autour de la condamnation ou non, et selon quels termes, des massacres perpétrés par le Hamas en Israël. Une tendance, à cet égard, s’affirme depuis plusieurs années, regrette Mathias Girel : le débat ne se centre plus sur les faits, mais sur « les postures » ; selon lui, « l’attribution en bloc d’une opinion à un camp, même si les membres de ce camp ne disent pas tous cela ». Au point de finir par créer « une ambiance complotiste », dit-il, où les faits s’effacent au profit des attitudes réelles ou supposées.

Soudaineté du phénomène

Ainsi, dans les quelques jours précédant le premier tour, Julien Odoul, député Rassemblement national (RN) de l’Yonne, faisait circuler un tract présentant des propositions émanant, selon lui, du NFP. Parmi celles-ci, la « fermeture de CNews et [la] censure de tous les journalistes qui ne sont pas à gauche ». Une proposition qui ne figure pas dans le programme de l’alliance de gauche : celui-ci évoque uniquement le fait « d’exclure des aides publiques les médias condamnés pour incitation à la haine ». Interrogé sur ce point sur Franceinfo, le 26 juin, le cadre du RN n’a pourtant rien renié de ses affirmations, qui, selon lui, « correspondent soit à des propositions (…), soit à des déclarations et des intentions et comportements de membres du Nouveau Front populaire ».

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