Ils sont arrivés à la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), à Cayenne, vêtus des costumes traditionnels des peuples autochtones de Guyane, au son du tambour, et sont repartis avec des cris de victoire cinq heures plus tard : samedi, les chefs coutumiers des six « nations » amérindiennes du territoire ont célébré l’adoption par le Congrès des élus d’une résolution qui marque une avancée dans la reconnaissance des droits de leurs communautés, victimes de l’histoire coloniale. Il s’agit des « Teko, Wayanas, Wayapis, Paykweneh, Arawak Lokono et Kali’nas », soient 15 000 Amérindiens, sur 300 000 habitants en Guyane.
« La portée de cette résolution, ce sont cinq cent trente-deux ans de résistance à la colonisation », explique en début de congrès, devant les élus, Christophe Yanuwana Pierre, porte-parole des chefs coutumiers « des six peuples autochtones survivants de Guyane », précise-t-il.
Le bas du visage noirci par une teinture naturelle utilisée lors de cérémonies, il évoque notamment « le génocide », « le choc bactérien » à l’arrivée des colons européens, ou encore « les homes indiens », des pensionnats religieux où les enfants amérindiens ont été acculturés de force de 1935 à 2023.
« Autorité publique indépendante »
« Ce besoin de reconnaissance est une étape supplémentaire vers une offre de réparation liée aux violences historiques qui ont marqué à jamais le territoire que nous partageons aujourd’hui », ajoute le porte-parole des autorités coutumières.
La résolution votée samedi résulte d’une proposition des représentants amérindiens négociée avec des élus mandatés par la CTG. Dans ce document, les Amérindiens de Guyane demandent la « reconnaissance de la notion de peuple autochtone », définie notamment par l’Organisation des Nations unies, qui protège les droits et les identités spécifiques de ces peuples mais n’a toujours pas été intégrée au droit français.
Malgré tout, les communautés amérindiennes de Guyane bénéficient de 757 000 hectares de zones de droits d’usage Collectifs, qui protègent les droits de chasse, pêche, cueillette et activités traditionnelles et 5 000 hectares de concessions, pour l’habitat et l’agriculture.
Conformément au droit international, les peuples autochtones veulent aller plus loin : dans la résolution, « les terres autochtones », gérées « exclusivement » par les peuples autochtones, « sont déclarées inaliénables, insaisissables, incommutables et incessibles » et ne peuvent pas « être vendues, ni démembrées, ni hypothéquées ». La résolution acte la création d’une « Assemblée des Hautes autorités autochtones », une « autorité publique indépendante », en charge notamment « de l’exécution des politiques publiques autochtones ».
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