Le Syndicat National de Samsung Electronics (NSEU), qui représente 28 000 salariés, 22 % de la branche, a annoncé un jour de grève le 7 juin. Cela pourrait n’être qu’un début préviennent les leaders syndicaux. Ce mouvement, inédit en 55 ans d’existence, est le résultat d’un bras de fer sur les salaires.
Ce n’est qu’un début…
« Ce que nous voulons, ce n’est pas une augmentation des salaires de 1 à 2 %. Ce que nous voulons, c’est être payé équitablement pour la quantité de travail effectué », a proclamé le président du syndicat Son Woo-mok lors d’une conférence de presse diffusée en ligne.
Les représentants du personnel tenaient à cette occasion une banderole où il était possible de lire « Nous ne pouvons plus tolérer la répression des travailleurs, la répression syndicale ». Ce n’est qu’en 2020 que le président de Samsung, Lee Jea-yong, petit-fils du fondateur, a commencé à revoir sa politique de fermeté contre les syndicats.
Pour l’instant, les actions envisagées restent circonscrites au 7 juin. Il s’agit d’un vendredi, suivant un jour férié, offrant un grand week-end aux grévistes. Ces derniers sont par ailleurs encouragés à suivre le mouvement, mais en posant un de leurs congés annuels. Les syndicats plus petits ne se sont pas encore clairement positionnés sur leur volonté de suivre le mouvement ou non.
Tous les sites de Samsung Electronics, l’un des paquebots du conglomérat le plus puissant de Corée du Sud, pourraient être concernés. L’impact sur la production de semi-conducteurs devrait être faible, elle est largement automatisée.
Le vice-président du syndicat Lee Hyeon-guk, dans des propos rapportés par le média local YTN, que la grève pourrait aller plus loin, « Je ne pense pas que la première grève que nous tenterons sera couronnée de succès. Nous commençons, nous y allons étape par étape, jusqu’à atteindre la grève générale que nous souhaitons ».
Le conflit a pris racine lors des négociations sur les salaires, entamées en janvier. Le Syndicat réclame un jour de congé annuel en plus et du changement dans le calcul des primes de performances, avec plus de transparences. Des mobilisations intermittentes sont organisées devant des sites de l’entreprise à Séoul, ou plus au sud, dans la ville côtière de Hwaseong, selon Reuters.
Le sixième jour de travail par semaine imposé par Samsung en avril ne semble pas avoir été mentionné. À noter que cela concernait avant tout les managers.
De son côté, Samsung a révélé une augmentation de 5,1 % des salaires pour cette année, visiblement en outrepassant les négociations en cours. Lee Hyeon-guk dénonce le « manque de volonté de négociation de l’entreprise » quand Samsung affirme dans un communiqué le 29 mai, « Nous engagerons sincèrement des discussions avec le syndicat ».
Les employés en ont assez de subir les difficultés de Samsung Electronics
Quelques jours auparavant, la direction de la division semi-conducteurs a connu un mouvement qui a surpris. Jun Young Hyun, vétéran du secteur en a pris la tête. Bloomberg rapporte qu’il a déclaré en interne sa confiance dans la capacité à « surmonter les difficultés récentes le plus rapidement possible » en maintenant « la culture de communication et de discussion propre aux semi-conducteurs ».
Un message qui peut être adressé aux syndicats, mais peut aussi se référer aux difficultés de la division. Elle perd de l’argent et enregistre échec sur échec : les composants de Samsung n’auraient pas passé le contrôle qualité de Nvidia (ce que la direction nie), SK Hynix, concurrent dans les puces à large bande passante incontournable pour l’IA, prend le large.
Anticipant une éventuelle critique, le président du syndicat, Son Woo-mok, a fait savoir que Samsung Electronics se dit en crise depuis dix ans, mais que ce n’est pas aux employés de le subir. Il se trouve par ailleurs que le groupe Samsung au global se porte bien et que l’IA devrait tirer sa croissance dans les mois, années à venir.
