Home Business Peut-on avoir une ferme laitière rentable et climatiquement neutre ?

Peut-on avoir une ferme laitière rentable et climatiquement neutre ?

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Le projet Farm Zero C en Irlande vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en réalisant des bénéfices. Est-ce possible ?

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Ce mois-ci, dans Climate Now, nous découvrons les stratégies déployées pour réduire les émissions et stimuler la biodiversité à Farm Zero C, et nous discutons des nombreux défis à relever sur la voie de la neutralité climatique.

Mois d’avril le plus chaud jamais enregistré

Notre rapport est publié alors que le  Copernicus Climate Change Service a enregistré une nouvelle série de températures record pour le mois, une autre indication du réchauffement rapide en cours du fait de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine. 

Au niveau mondial, nous avons connu le mois d’avril le plus chaud jamais enregistré, avec des températures supérieures de 0,7 degré Celsius à la moyenne 1991-2020, ou de 1,58 degré Celsius à la moyenne préindustrielle 1850-1900 pour le mois. 

En Europe, les anomalies de température ont été très contrastées d’un bout à l’autre du continent. Il a fait beaucoup plus chaud que la moyenne dans l’est de l’Europe et, dans le même temps, la Scandinavie a eu quelques degrés de moins que la moyenne le mois dernier. Les températures de surface des océans ont atteint un niveau record en avril.

Les régions du nord de l’Europe ont connu des précipitations supérieures à la moyenne en avril, contrastant avec des régions plus sèches que la moyenne, de l’est de l’Espagne à la Turquie.

Bilan de Farm Zero C

Le projet Farm Zero C a déjà réalisé des progrès significatifs en matière de réduction des émissions et de renforcement de la biodiversité, même s’il reste encore beaucoup à faire. « Nous avons déjà réduit de 27 % notre empreinte carbone », explique Padraig Walsh, chef de projet. « Nous espérons atteindre 50 à 65 % au cours de la deuxième phase et être neutres sur le plan climatique d’ici à 2030. »

Il ne sera pas facile d’atteindre ces objectifs, principalement parce qu’une analyse du cycle de vie réalisée au début du projet a montré que les principales sources de gaz à effet de serre de l’exploitation provenaient de ses productrices de lait, à savoir ses 250 vaches croisées Frisonnes Holstein Jersey. 

« Nous avons pu constater que le méthane était un énorme émetteur« , se souvient Padraig. « Plus de 50 % de nos émissions proviennent du méthane des vaches, qui digèrent leur nourriture et libèrent du méthane dans l’atmosphère. »

Les fermes laitières irlandaises dépendent des prairies naturelles luxuriantes du pays pour nourrir leurs vaches et produire un lait de haute qualité. Pourtant, les additifs administrés aux vaches pendant le pâturage pour réduire leur production de méthane s’avèrent être de courte durée, ne réduisant les émissions que pendant quelques heures, au lieu de plusieurs jours ou semaines. 

Pendant l’hiver, l’équipe a eu plus de chance, car les vaches sont à l’intérieur et les additifs alimentaires peuvent réduire les émissions de méthane de 7 %, tandis que les produits chimiques ajoutés au lisier réduisent les émissions de méthane de 75 %.

Le projet déploie également plusieurs solutions basées sur la nature. L’exploitation de 100 hectares, située près de Bandon, possède plusieurs champs multi-espèces, où l’on a introduit du trèfle blanc, du plantain et de la chicorée, ainsi que de l’ivraie. Ceux-ci améliorent la structure et le drainage du sol, piégeant le carbone plus profondément sous la surface et réduisant la nécessité d’appliquer des engrais artificiels sur le sol, un produit coûteux et à forte teneur en carbone.

Mary Kate Doherty, doctorante, a suivi le déploiement des champs multi-espèces et affirme qu’ils s’avèrent très efficaces. « L’année dernière, de nombreux champs de trèfle n’ont pas reçu d’engrais chimiques et ont produit autant d’herbe que les champs qui en ont reçu« , explique-t-elle à Euronews.

Dix pour cent de l’exploitation est consacrée à l’amélioration de la biodiversité. Par exemple, des zones de champs mal drainées et souvent marécageuses sont transformées en zones humides naturelles, pâturées une ou deux fois par an. Ces zones présentent de nombreux avantages et, bientôt, la ferme mesurera avec précision le potentiel de séquestration qu’elles recèlent, car elle expérimente ce que l’on appelle la culture du carbone, qui récompenserait les agriculteurs pour leurs services de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

« Ce type de zone présente de nombreux avantages pour l’environnement en général, et nous pensons que les agriculteurs devraient être rémunérés pour cela« , explique Mary Kate.

Construire l’analyse de rentabilité

Farm Zero C est un projet collaboratif avec de nombreux partenaires, dont les principaux – La société laitière Carbery Group et l’organisme de recherche scientifique BiOrbic – les gestionnaires des terres Shinagh Estates et Teagasc, le partenaire financier AIB et les partenaires universitaires UCD, UCC, Trinity College Dublin et MTU.

Il est important de réunir un large éventail de chercheurs universitaires et de parties prenantes axées sur les affaires pour faire de cette vision une réalité, en créant un modèle d’entreprise laitière véritablement rentable, respectueux de l’environnement, et que les agriculteurs irlandais pourront suivre.

Selon Padraig Walsh, l’adhésion des consommateurs à cette mission fait également partie du processus.

« Nous sommes convaincus que les consommateurs paieront plus cher pour nos produits à faible empreinte carbone. Nous devons relever tous ensemble le défi des émissions. Et si nous voulons que les agriculteurs réduisent leurs propres émissions, ils devront également être récompensés pour cela« , conclut-il.

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