Cannes 2024 – Féminité à l’Honneur: Une soirée d’ouverture mémorable avec Meryl Streep
La 77ème édition du Festival de Cannes a débuté en grande pompe le 14 mai 2024, marquant ainsi le coup d’envoi de douze jours de célébration du cinéma sous toutes ses formes. Retour sur une soirée d’ouverture aussi magique que riche en émotions, où chaque détail et chaque déclaration ont contribué à faire de cet événement un moment inoubliable.
Cannes, fidèle à sa réputation, a accueilli ses visiteurs dans une ambiance électrique, où l’excitation des fans se mêlait à l’effervescence du tapis rouge. Devant le Grand Théâtre Lumière et les luxueux hôtels, les admirateurs se pressaient, dans l’espoir d’apercevoir leurs idoles et de capturer un instant de glamour et de prestige.
Cette année, la sécurité a été renforcée, avec la présence notable de la gendarmerie et même de l’armée. Une mesure qui, bien que nécessaire, témoigne des défis sécuritaires auxquels le monde est confronté. La question demeure : est-ce une réponse à un contexte international instable ou une précaution anticipée ? Quoi qu’il en soit, l’engagement à garantir la sûreté de l’événement est indiscutable.
La cérémonie d’ouverture a été animée par l’actrice française Camille Cottin, qui a brillé par son charisme et son élégance. Son discours inaugural, empreint de poésie et d’émotion, a transporté l’auditoire dans l’univers enchanteur du « Vortex cannois ». Un monde parallèle où se mêlent passion, dialogue et diversité culturelle, et où le cinéma règne en maître.
Camille Cottin a déclaré : « Vous l’ignorez peut-être mais vous vous apprêtez à entrer dans un monde parallèle qu’on appelle le Vortex cannois. On voit des films toute la journée, et on en discute toute la nuit. D’ailleurs, personne ne parle la même langue, et pourtant, tout le monde se comprend. (…) Ici, quand on se plonge dans l’obscurité, c’est pour y trouver la lumière. Cela paraît complètement fou, mais le plus fou, c’est que c’est vrai. Ce n’est pas un monde parallèle, ce monde-là existe. Ce rendez-vous là des cinéphiles du monde entier, ce lieu de rencontre, de dialogues, de débats et de pensées, de cultures, d’émerveillements, c’est ici et maintenant. Dans un moment où l’état du monde nous inquiète, voire nous glace le sang par endroits, où des lignes de fractures profondes divisent les peuples, où la planète brûle, où notre intelligence collective pourrait devenir artificielle, un tel lieu de retrouvailles est une chance. Chaque année, à Cannes, on vient prendre une photo de notre humanité, on vient faire le plein d’espoir… c’est infiniment beau. »
Mais au-delà des festivités, la soirée a également été l’occasion de prendre position sur des enjeux cruciaux, tels que la lutte contre les harcèlements sexuels dans l’industrie cinématographique.
C’est ainsi que Camille Cottin a ajouté : « Ah oui je précise que les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d’hôtel des messieurs tout-puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois, suite à l’adoption de la loi #MeToo et on s’en félicite. »
Vidéo ici:
« Les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d’hôtel des messieurs tout-puissants ne font plus partie du vortex cannois. »
L’interlude musical de Camille Cottin, pour ouvrir le Festival de Cannes.#Cannes2024 pic.twitter.com/G3bY7YDDa4
— france.tv cinéma (@francetvcinema) May 14, 2024
Ces mesures sont conformes à toutes les initiatives prises par le festival dans ce sens. En plus de la projection du court métrage Moi aussi de Judith Godrèche demain lors de la cérémonie d’ouverture de la section un Certain Regard, le festival a mis en place une cellule d’écoute pour toutes les victimes de harcèlement et a rappelé à tous les accrédités que de tels comportements ne sont pas acceptés dans l’événement.
La présentation des membres du jury, composé de Ebru Ceylan, Lily Gladstone, Eva Green, Nadine Labaki, Juan Antonio Bayona, Pierfrancesco Favino, Kore-eda Hirokazu et Omar Sy, et présidé par l’éminente réalisatrice américaine Greta Gerwig, a été un moment solennel et prestigieux. Les personnalités du monde du cinéma réunies pour décerner les prix de la compétition ont symbolisé l’excellence et la diversité de cette édition.
Un film retraçant la carrière de Greta Gerwig a été projeté, mettant en lumière son ascension fulgurante dans le monde du cinéma et suscitant une émotion palpable. Cette jeune femme est devenue rapidement une grande cinéaste, un fait qui mérite d’être salué.
Un des moments les plus émouvants de la soirée a été la remise de la Palme d’Or d’honneur à l’icône du cinéma, Meryl Streep, qui est apparue telle une déesse, une reine, dans une élégante et sobre robe blanche. Sous les applaudissements nourris, l’actrice américaine a été saluée pour sa contribution exceptionnelle au septième art. Meryl Streep est incontestablement une des meilleures actrices de tous les temps, pouvant incarner tous les rôles.
S’adressant à elle avec admiration, Juliette Binoche lui a dit: « Ton visage et ta voix font partie de nos vies. Tu nous as donné des émotions. Tu nous as fait grandir. Quand je te vois à l’écran, ce n’est pas toi que je vois, c’est un mouvement qui passe par toi. Et c’est cela, être un acteur. Mais en réalité, c’est plus que cela. C’est un lien que tu crées par ta présence et qui laisse la beauté venir vers toi. Ce qui te traverse en un instant, c’est l’intention, la pensée, l’énergie, l’amour, la vérité. D’où est-ce que tout cela vient ? De l’amour ? Es-tu née ainsi ? Quel a été ton rêve ? »
Ensuite, en pleurant, elle a ajouté : « Vous avez changé la manière dont on regarde les femmes dans le monde du cinéma et vous nous avez aussi aidées à nous regarder différemment. »
Vidéo ici:
Wet Juliette Binoche is kinda losing it during this speech, crying to the point that honoree Meryl Streep has to comfort her. Some of the French journalists around me are giggling pic.twitter.com/8Ky5IXXLGe
— Kyle Buchanan (@kylebuchanan) May 14, 2024
Commentant le film qui a retracé sa carrière, Meryl Streep a déclaré : « Pour moi, regarder ce clip, revient à regarder par la fenêtre d’un TGV. Foncer comme un éclair de ma jeunesse à la cinquantaine, jusqu’à aujourd’hui. Tant de visages, tant de lieux dont je me rappelle si bien. Quand j’étais à Cannes, il y a 35 ans, pour la première fois, j’étais déjà mère de trois enfants. J’approchais les 40 ans et je pensais que ma carrière était terminée. À l’époque, pour une actrice, c’était une prévision raisonnable. La seule raison pour laquelle je suis ici ce soir, c’est grâce aux merveilleux artistes avec lesquels j’ai travaillé, dont madame la Présidente, Iris. (…) Je remercie tous ceux qui y ont participé et je remercie le public qui ne s’est pas ennuyé de voir mon visage depuis de si longues années. Merci de cet honneur. »
Enfin, c’est d’une même voix que les deux actrices ont déclaré ouvert le 77e Festival de Cannes!
La soirée s’est prolongée avec la projection du film d’ouverture « Le Deuxième Acte » de Quentin Dupieux, une comédie décalée et intelligente qui a suscité autant de rires que de réflexions, offrant ainsi un début de festival à la hauteur des attentes. Doté d’une distribution exceptionnelle comprenant Louis Garrel, Vincent Lindon, Léa Seydoux et Raphaël Quenard, le film explore le monde du cinéma tout en interrogeant les frontières entre réalité et fiction. Chaque acteur s’approprie avec brio les clichés cinématographiques, offrant une satire divertissante et une auto-critique perspicace. Ce choix de film s’avère être une introduction parfaite pour ouvrir le festival de Cannes, captivant à la fois l’esprit et l’imagination des spectateurs.
Neïla Driss