Il est rare de voir autant de monde se pencher sur le sort d’une école. C’est aujourd’hui le cas pour l’école de journalisme ESJ Paris, qui n’a aucun lien avec l’ESJ Lille, institution centenaire qui jouit d’une très bonne réputation. Bernard Arnault, via sa holding Financière Agache, Vincent Bolloré (Compagnie de l’Odet), les Dassault (avec Koodenvoi, du groupe Habert Dassault Finance) et Rodolphe Saadé (CMA Media) viennent de racheter l’ESJ Paris.
Ils sont accompagnés par d’autres investisseurs, tels que Groupe Bayard Presse, l’ex-président du Medef Pierre Gattaz, Financière de la Lance (Vianney d’Alançon), Spes, Stanislas et Godefroy de Bentzmann, Watchers & co et TSV Immobilier. Contactés, ceux-ci n’ont pas souhaité détailler le projet de relance ni le montage financier.
À LIRE AUSSI « Va te faire foutre » : l’ESJ Paris, l’école qui n’a pas envie de payer ses profsFondée en 1899 par la romancière Dick May afin de former des journalistes de talent après les affres de l’affaire Dreyfus, l’ESJ Paris était en crise depuis plusieurs mois, comme l’a révélé l’enquête du Point. Elle était dirigée depuis 2009 par Didier Jobin, un médecin âgé de 65 ans connu pour ses penchants pro-palestiniens et pro-russes. La dérive de l’ESJ Paris, une école privée non reconnue par la profession qui coûte environ 7 000 euros l’année, a commencé fin 2021. Les professeurs étaient payés de façon très aléatoire et certains cours n’étaient plus assurés.
Nouveaux locaux
Didier Jobin a aujourd’hui quitté l’école, dont la direction a été confiée à Elhame Medjahed, l’actuelle directrice pédagogique, en attendant d’autres nominations début 2025. Elhame Medjahed, journaliste free-lance, a travaillé à Europe 1, M6 et à RT (Russia Today). Vianney d’Alançon, un entrepreneur de 38 ans qui a notamment racheté le château de la Barben (Bouches-du-Rhône), où il a créé en 2021 le parc à thème sur la Provence le Rocher Mistral, prend la présidence. Il est également actionnaire de l’école via Financière de la Lance. « L’ESJ Paris entend notamment renforcer sa position de référence dans le domaine de l’enseignement journalistique, en particulier en économie », promet le communiqué de presse.
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Située rue de Tolbiac, dans le 13e arrondissement de Paris, l’école va déménager dans de nouveaux locaux. Elle devrait tenter d’obtenir la reconnaissance de la profession, c’est-à-dire la certification « RNCP », qu’elle n’a plus depuis 2015, ce qui l’empêche de signer pour ses étudiants des contrats de professionnalisation. Les personnalités qui participent à sa relance pourraient en faire une pépinière de journalistes pour les nombreux médias qu’ils détiennent : Prisma et ses magazines Capital, Géo… (Vincent Bolloré), Les Échos, Le Parisien, Paris Match, Radio Classique, 40 % du magazine Challenges… (Bernard Arnault), BFMTV, RMC, BFM Business, La Tribune… (Rodolphe Saadé) ou encore La Croix (Bayard).
L’ESJ Paris, à ne pas confondre avec le CFJ Paris, autre école, a accueilli des enseignants et intervenants célèbres, comme Anatole France, Charles Péguy, le musicien Maurice Ravel, le sociologue Émile Durkheim, et d’autres hommes politiques tels que Maurice Schumann et Gaston Doumergue, ex-président de la République. Plusieurs figures de la télévision, notamment Audrey Pulvar et Samuel Étienne, y ont étudié.