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la stratégie de Rodolphe Saadé avec Renault et Volvo

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Après les médias, l’automobile. Dirigé par Rodolphe Saadé, l’armateur et logisticien CMA CGM a pris 10 % du capital de Flexis pour un montant de 120 millions d’euros. Cette société, également détenue à 45 % chacun par Renault et le constructeur de camions Volvo Group, ambitionne d’être le « Tesla des utilitaires » en fabriquant des véhicules utilitaires nouvelle génération 100 % électriques. Les modèles seront assemblés dans l’usine de Sandouville, en banlieue du Havre, comme l’a confirmé la semaine dernière le directeur général du Losange Luca de Meo, aux côtés de l’ex-Premier ministre Édouard Philippe et du ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

« La décarbonation des activités via les nouvelles technologies est essentielle pour CMA CGM, c’est pourquoi nous misons sur ces camionnettes électriques, que nous attendons dès le début 2026 », explique Rodolphe Saadé, dont le groupe qui vise la neutralité carbone d’ici à 2050 a récemment annoncé le rachat des médias d’Altice, notamment BFMTV et la radio RMC. L’entreprise basée à Marseille fait partie des premiers clients de Flexis. Elle testera à 1 500 camionnettes de ces nouveaux véhicules équipés d’une architecture logicielle centralisée (« SDV »). « J’ai pu convaincre Rodolphe Saadé en vingt minutes de faire ce qui sera peut-être le Tesla des utilitaires », sourit Luca de Meo.

Partage de valeur

Quand Renault a commencé à cogiter sur le projet, il y a trois ans, il lui manquait des financements. « On avait l’idée, mais pas l’argent », poursuit Luca de Meo. D’où l’idée d’un partenariat avec CMA CGM et Volvo Group, propriétaire de Renault Trucks, et dont le constructeur chinois Geely détient environ 7 %, (une entreprise différente du constructeur de voitures Volvo Cars, dont Geely possède 78 %, NDLR). Le constructeur français accepte donc de partager la valeur d’un marché qui représente environ 20 % de son chiffre d’affaires et offre des marges plus confortables que celles des voitures pour les particuliers.

« Les ventes de véhicules électriques augmentent de 30 à 40 % par an, le commerce électronique de 10 à 20 % et 35 villes ont déjà créé des zones zéro émission, ce qui nous donne pas mal de raisons pour faire ce partenariat », confie Luca de Meo. Pour lui, « les constructeurs chinois n’ont pas une génération d’avance dans les utilitaires, contrairement aux voitures ». Néanmoins, la concurrence s’annonce rude : Ford, leader mondial des utilitaires, et Stellantis ont également des projets, comme le coréen Kia.

Un électrique plus cher qu’un diesel

Volvo va investir comme Renault 300 millions d’euros d’ici deux ans et apporter son expertise de la clientèle entreprises. « Ils nous aideront aussi à vendre des services embarqués », précise le directeur de l’ingénierie du groupe français, Gilles Le Borgne. Les futurs utilitaires électriques seront plus chers à l’achat que leurs équivalents diesel, mais « ceux-ci seront peut-être interdits dans 10 ans », fait valoir Luca de Meo. Pour lui, il s’agit de viser « les grandes flottes d’entreprises comme l’épicier » et de « réduire le coût à l’usage de 20 ou 30 % », les véhicules électriques étant amenés à avoir une durée de vie plus longue, mais avec des possibilités d’actualisation, notamment pour les logiciels.

Les utilitaires seront équipés de batteries en partie fournies par la société grenobloise Verkor, qui a levé plus de 2 milliards d’euros pour la construction en cours d’une gigafactory à Dunkerque (Nord). Il s’agira de batteries à 800 volts capables de se recharger à 80 % en 18 minutes.


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