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le mirage des retombées économiques

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Accueillir les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) ? Non merci ! Depuis plusieurs années, les villes ne se bousculent plus pour organiser cet événement sportif. Les raisons : les JO seraient un casse-tête opérationnel, coûteraient cher, voire très cher (le budget de Paris 2024 s’élève à près de 9 milliards d’euros, issus de financements publics et privés), et tout cela pour des retombées économiques pas vraiment mirobolantes…

Sur le terrain économique, qu’en sera-t-il pour cette édition hexagonale ? Si une première estimation des retombées économiques avait été faite lors de la phase de candidature (à 8,1 milliards, selon le scénario intermédiaire), Paris 2024 a présenté ce mardi 14 mai une nouvelle étude d’impact économique ex ante, lors d’une conférence de presse réunissant le président du comité d’organisation Tony Estanguet, la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation Olivia Grégoire ou encore ​​la présidente du comité sport du Medef Dominique Carlac’h. Une autre estimation devrait être faite après les Jeux de Paris, en 2025.

9 milliards d’euros

Selon le Centre de droit et d’économie du sport (CDES), qui a concocté cette étude et réalisé ses calculs grâce aux données officielles, les retombées économiques devraient s’élever à environ 9 milliards pour l’Île-de-France. En tout cas, il s’agit du scénario intermédiaire. Une estimation basse avoisine les 6,7 milliards d’euros. Quant à la fourchette haute, elle se situe aux alentours de 11,1 milliards d’euros.

Un chiffre qui peut paraître impressionnant au premier abord, mais qu’il faut relativiser. En effet, l’impact calculé s’étend sur une période de dix-sept ans (2018-2034), comprenant la phase de préparation, le déroulement des épreuves et l’héritage des JO. Rapporté au produit intérieur brut (PIB) annuel de la région (765 milliards d’euros en 2021, selon l’Insee), le surcroît d’activité économique est donc plus que modeste. Enfin, il ne permet pas de savoir quelle est la rentabilité économique des Jeux car il faudrait intégrer à ces calculs d’autres éléments, comme les effets de long terme ou les bénéfices et coûts sociaux et environnementaux.

Le tourisme concentre 30 % de l’impact

Selon le scénario intermédiaire, 42 % de l’impact économique concerne le volet « organisation », c’est-à-dire les dépenses du comité Paris 2024 réalisées pour organiser les épreuves, 28 % la partie « construction » et 30 % les dépenses touristiques. 84 % de l’impact se concentre sur la phase de préparation et de déroulement des Jeux olympiques, contre 16 % pour la phase d’héritage. Paris fait-elle mieux ou moins bien que les autres ? Difficile à dire car la méthodologie utilisée lors des précédentes éditions n’était pas la même.

D’autres études ont essayé auparavant de modéliser l’impact économique des Jeux de Paris, avec un ordre de grandeur comparable. Le cabinet Asterès a ainsi calculé en début d’année une valeur ajoutée de l’ordre de 9,8 milliards d’euros pour l’ensemble de l’Hexagone, soit moins de 0,1 % du PIB sur les quelques années avant et après l’événement. « Comme tous les événements sportifs, les Jeux olympiques ont un impact économique négligeable : les pro-JO mettent en avant les retombées économiques tandis que les détracteurs pointent le coût », souligne Sylvain Bersinger, l’auteur de cette étude. Cette analyse décortiquait également les exemples passés et montrait que les Jeux olympiques n’avaient jamais eu d’effet notable sur la croissance d’un pays, que ce soit avant, pendant ou après l’événement. Il faudra trouver un autre argument pour convaincre des villes de se lancer dans l’aventure pour les prochaines éditions.


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