Home Finance le « quoi qu’il en coûte » finit par coûter « un pognon de dingue »

le « quoi qu’il en coûte » finit par coûter « un pognon de dingue »

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C‘est un nouveau signe inquiétant pour l’économie française et pour le nouveau Premier ministre, Michel Barnier. Jeudi 26 septembre, le taux d’intérêt sur les obligations françaises à cinq ans a dépassé celui de la Grèce, un pays en quasi-faillite il y a 15 ans. Alors que Paris emprunte désormais à 2,48 %, Athènes se finance à 2,40 %.

Certes, le taux qui fait référence au niveau européen, à savoir le taux à 10 ans, reste supérieur : 2,97 % pour Paris, contre 3,10 % pour Athènes. Néanmoins, la tendance joue clairement en défaveur de la France. Pour la première fois depuis 2006, sa dette coûte plus cher que celle de l’Espagne. Les obligations françaises à 10 ans sont à 2,97 %, contre 2,95 % pour celles de Madrid. Les marchés financiers jugent donc la dette française plus risquée que celle de l’Espagne.

À LIRE AUSSI Dette grecque : comment les « hommes en noir » de la troïka ont ligoté Athènes « La France est clairement en queue de peloton avec la Grèce et l’Italie à 3,46 % alors qu’elle appartenait encore en 2012 au peloton de tête avec l’Allemagne et les pays du Nord, tandis que l’Espagne figurait chez les mauvais élèves surnommés les PIIGS (« cochons », en anglais, pour Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne) », remarque Alexandre Baradez, chef analyste chez IG. Or, même le Portugal, autrefois en crise, a clos l’année 2023 avec un excédent budgétaire de 1,2 % de PIB. Son taux à 10 ans est à 2,72 %. « Alors que la France et le Portugal étaient aux mêmes niveaux, notre pays a décroché à partir de la dissolution en juin. Il y a d’abord eu le risque politique de voir l’extrême gauche ou l’extrême droite arriver au pouvoir et imposer d’importantes dépenses fiscales et hausses d’impôts. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement ne suffit pas à rassurer, c’est l’urgence qui prime et inquiète les marchés », poursuit l’expert.

Épées de Damoclès

Cette flambée des taux français résulte aussi du dérapage budgétaire. Initialement prévu à 4,4 % du PIB en 2024, le déficit public a été plusieurs fois révisé à la hausse. Il « risque de dépasser » les 6 % du PIB, soit deux fois le chiffre accepté dans la zone euro, a averti le nouveau ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, qui présentera le projet de loi de finances pour 2025 aux parlementaires la semaine du 9 octobre.

À LIRE AUSSI La dette, de l’argent facile de Hollande à l’argent magique de MacronPlusieurs épées de Damoclès pèsent sur la France dans les semaines à venir : la procédure pour déficit excessif de l’Union européenne, la France ayant jusqu’au 31 octobre pour présenter sa trajectoire financière et la révision de la note de la dette de la France par les agences de notation à l’automne. « Le spread (écart) entre la France et l’Allemagne est de 100 points de base depuis quelques semaines. Ce niveau de danger signe le début de panique, la panique complète a eu lieu en 2012 à 180-190 points de base », relève Alexandre Baradez, qui pense que le paroxysme du stress sur le marché obligataire n’a pas encore été atteint.

Selon le chef analyste d’IG, la situation a néanmoins des vertus d’éducation économique pour les Français. « On sait combien les pensions de retraite et les charges sociales pèsent sur les finances et on se rend compte que les chèques énergie qu’on réclamait pour avoir une inflation moins forte se paient aujourd’hui, tout comme les mesures de soutien durant la crise du Covid qui se sont poursuivies après la pandémie », insiste-t-il. Le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron finit ainsi par valoir « un pognon de dingue ».


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