Méfiance face aux bas prix de l’énergie. Dans son dernier rapport annuel, paru ce mardi 14 mai, le médiateur national de l’énergie (MNE) accuse les fournisseurs ENI, Ohm Énergie, Wekiwi et Engie de pratiques commerciales litigieuses. « Ces mauvaises pratiques sont destinées à donner au consommateur l’illusion de prix compétitifs ; elles sont constitutives d’offres trompeuses, intervenant souvent dans le cadre de démarchages », résume Olivier Challan Belval, le médiateur, dans son rapport.
En effet, l’autorité publique considère que ces quatre fournisseurs sous-estiment volontairement les mensualités au moment de la souscription d’un contrat ou de son renouvellement lorsque les prix de l’énergie ont augmenté entre-temps. En conséquence, les clients consomment davantage que ce que prévoit leur forfait, et cet écart se répercute sur leur facture annuelle de régularisation, qui se révèle donc en leur défaveur de plusieurs centaines, voire milliers d’euros.
ENI se trouve « en tête » de ces pratiques, selon Olivier Challan Belval. Les factures de régularisation d’énergie sont émises en février et en août pour l’électricité et tous les mois pour le gaz afin de rendre compte des évolutions de prix de ces énergies.
À LIRE AUSSI Les chèques énergie 2024 envoyés à 5,6 millions de foyers dès mardiPour beaucoup, ces démarches trompeuses entraînent « la réception, en fin de période, de factures de régularisation importantes, parfois même insoutenables », déplore Olivier Challan Belval. « Cette pratique trompeuse a généré de nombreux litiges en 2023, tout particulièrement avec le fournisseur ENI », poursuit le médiateur, chargé, comme son nom l’indique, de recommander des solutions aux litiges entre consommateurs et fournisseurs. Au total, le médiateur a reçu plus de 27 000 litiges en 2023, soit 2 % de plus qu’en 2022.
Les fournisseurs récusent les accusations du médiateur
« En aucun cas nous ne procédons à des sous-évaluations de mensualités délibérées », assure Céline Regnault, directrice du grand marché public chez Engie, au Parisien. « Nos délais d’ajustement des tarifs ne dépassent pas les deux mois », abonde-t-elle dans le quotidien.
« Le taux d’impayés sur les factures de régularisation est très élevé, de l’ordre de 30 %. On a donc plutôt intérêt à limiter le nombre de régularisations et leur ampleur », explique de son côté François Joubert, le fondateur d’Ohm Énergie. Quant à ENI, particulièrement mis en cause par le rapport, il accuse son système informatique : « Pendant la crise, son paramétrage n’était pas adapté », affirme au Parisien Naïma Idir, directrice des affaires réglementaires du groupe. De quoi proposer des échéanciers « qui ne reflétaient pas toujours la réalité des consommations », concède-t-elle, « d’où des régulations qui ont posé problème ».
Par ailleurs, le fournisseur Wekiwi est également épinglé par le MNE pour « des dysfonctionnements graves observés à toutes les étapes de la vie des contrats de ses clients ». Enfin, Olivier Challan Belval dénonce le mauvais traitement des litiges chez Enedis, « grande entreprise de service public, techniquement performante et innovante », mais qui n’est « malheureusement pas encore parvenue à se transformer culturellement pour traiter ses usagers comme de véritables clients ».