L’Egypte hausse le ton face à Israël. Le Caire a annoncé dimanche 12 mai son intention de s’associer à la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ). Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères égyptien justifie sa décision par « la gravité et l’étendue des attaques israéliennes contre les civils », et le ciblage systématique « des civils, et la destruction des infrastructures », visant à « déplacer les Palestiniens de leur terre ».
Le 7 mai, alors qu’Israël lançait son offensive sur Rafah et déployait des chars le long du corridor de Philadelphie, contrevenant au protocole signé en 2005 avec l’Egypte, Le Caire s’était contenté de simples condamnations, alertant sur le risque d’un « cauchemar humanitaire ».
Mais les images du drapeau à l’étoile de David flottant sur le point de passage de Rafah et de la désolation dans la ville abritant plus d’un million de civils ont provoqué une onde de choc dans l’opinion égyptienne. De nombreux Egyptiens ont jugé que la réaction des autorités n’était pas à la hauteur, notamment dans les rangs de l’opposition au régime du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi.
« Ligne rouge »
Une semaine plus tard, alors que l’opération que les Israéliens avaient présentée comme « limitée » se prolonge et qu’aucun camion d’aide humanitaire n’a pu pénétrer dans l’enclave, Le Caire se montre moins conciliant. Signe que la crise diplomatique s’aggrave entre les deux pays, des responsables militaires égyptiens ont soudainement annulé une réunion prévue lundi avec leurs homologues israéliens.
« Israël a franchi une ligne rouge. La décision d’appuyer la plainte sud-africaine est une représaille diplomatique logique. Elle aurait dû intervenir plus tôt, mais c’est un pas positif et important qui correspond aux aspirations du peuple égyptien », commente Khaled Ali, avocat et homme politique égyptien, qui estime que l’acharnement israélien sur l’enclave palestinienne pourrait à terme mettre en péril le traité de paix israélo-égyptien signé en 1979.
Ces dernières semaines, la médiation menée par Le Caire semblait sur le point d’aboutir à un cessez-le-feu. Accepté par le Hamas le 6 mai, le projet d’accord a volé en éclats le lendemain avec l’offensive israélienne. « L’Egypte n’est pas parvenue à dissuader Israël d’attaquer Rafah. Acculé et vexé, Le Caire tente par cette décision de défendre sa crédibilité en tant que puissance régionale », estime Ayman Salama, expert en droit international.
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