En soixante-douze heures, les violences au Mozambique, où l’opposition manifeste contre la victoire proclamée lundi du parti au pouvoir aux élections du 9 octobre, a causé la mort de 125 personnes, a affirmé l’ONG locale Plataforma Decide, jeudi 26 décembre.
Mardi soir, le gouvernement avait fait état de 21 morts lors des premières vingt-quatre heures d’émeutes dans plusieurs grandes villes de ce pays pauvre d’Afrique australe, après la confirmation de l’élection à la présidence du candidat du pouvoir.
L’évasion spectaculaire de 1 500 détenus de la grande prison de haute sécurité de la capitale Maputo, mercredi, a également fait 33 morts parmi les prisonniers évadés, selon le chef de la police, dans des affrontements avec les gardiens. Mais Decide, à la réputation sérieuse et dont les décomptes sont repris régulièrement par Amnesty International et d’autres ONG internationales, a comptabilisé en tout 125 morts sur l’ensemble du pays.
Cela porte, selon cette ONG, le bilan depuis le début des manifestations qui ont suivi le scrutin d’octobre à 252 morts, dans un pays qui n’avait pas connu de telles violences depuis la fin de la guerre civile, hormis les exactions commises par des groupes armés djihadistes dans le nord.
Quatre mille personnes arrêtées depuis octobre
La plupart des morts sont recensés autour de la capitale Maputo, les provinces du Nord, notamment de Nampula, et autour de Beira (Centre), la deuxième ville du pays. La police et les autorités confirment rarement les bilans, se contentant le plus souvent d’informations parcellaires. Plus de 4 000 personnes ont été arrêtées depuis octobre dans le cadre de ces manifestations violentes, dont 137 sur les trois derniers jours, selon Decide.
En dépit de nombreuses irrégularités soulevées par les missions d’observateurs internationaux, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi que Daniel Chapo, choisi par les différentes factions du Frelimo, parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, avait gagné l’élection présidentielle avec 65,17 % des voix.
L’opposition, menée par un charismatique ex-commentateur de télévision passé dans la clandestinité à l’étranger, Venancio Mondlane, appelle à manifester pour dénoncer cette élection « volée ». Jeudi, il a accusé les forces de l’ordre de laisser les pillages et le vandalisme prospérer pour donner au pouvoir un prétexte pour déclarer l’état d’urgence et écraser la contestation, selon lui.
Certaines barricades dressées sur les grands axes de Maputo et de la ville de Matola voisine avaient été démantelées jeudi mais beaucoup restaient en place et la circulation était difficile, a constaté l’Agence France-Presse.
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Dans le centre de la capitale, des supermarchés ont ouvert quelques heures. Plusieurs stations essence aussi mais elles ont dû fermer, faute de ravitaillement, le transport par camions-citernes restant très perturbé.