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Au Sénégal, le gouvernement prend ses distances avec un ministre ayant qualifié les tirailleurs de « traîtres »

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Le gouvernement sénégalais est « en total déphasage » avec le ministre ayant qualifié les tirailleurs sénégalais de « traîtres », a affirmé son porte-parole, jeudi 26 décembre. Ces propos avaient soulevé un tollé dans le pays. Ministre chargé de l’administration et de l’équipement à la présidence de la République, Cheikh Oumar Diagne avait affirmé, dans une interview à la télévision locale Fafa TV diffusée le 21 décembre, que « ceux qui célèbrent les tirailleurs ne savent pas ce que sont » en réalité ces soldats coloniaux. « Les tirailleurs sont des traîtres qui se sont battus contre leurs frères, dans leur pays, pour de l’argent » lors de révoltes ou de guerres anticoloniales en Afrique, avait estimé M. Diagne.

« Cette sortie est très malheureuse. Je suis en total déphasage avec ce que M. Diagne a dit. Je considère que ces tirailleurs sont des héros de la nation », a déclaré jeudi Moustapha Njekk Sarré, porte-parole du gouvernement, sur la radio privée RFM. Selon lui, Cheikh Oumar Diagne « s’est lourdement trompé » et « ces tirailleurs ne sauraient être considérés comme des traîtres ». Et de se demander pourquoi M. Diagne « a ramé à contre-courant » sur les tirailleurs alors qu’« il n’y a pas plus d’un mois, le président de la République [Bassirou Diomaye Faye] a organisé une grande cérémonie en leur honneur ».

Le Sénégal a commémoré cette année avec une envergure inédite les événements du 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar. Les forces coloniales françaises avaient alors tiré sur des tirailleurs rapatriés des combats en Europe, pas seulement sénégalais mais provenant aussi d’autres pays africains, qui réclamaient le paiement d’arriérés de solde. De nombreuses zones d’ombre subsistent sur les circonstances du drame, le nombre de tirailleurs tués, leur identité et le lieu de leur inhumation. Les autorités françaises de l’époque avaient admis la mort de 35 personnes, mais plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu’à 400.

Le Monde avec AFP

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