Au Tchad, après une journée de vote relativement calme, débute l’attente des résultats de l’élection présidentielle

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Il est 6 h 30 dans le quartier Kabalaye, dans le centre-ville de N’Djamena, lundi 6 mai, et le thermomètre n’a pas encore dépassé les 40 °C. La relative fraîcheur matinale n’a manifestement pas convaincu les électeurs. Rares sont ceux à s’être déplacés dans le bureau de vote qui vient à peine d’ouvrir avec une demi-heure de retard. Comme de nombreux autres à travers le Tchad. « Il est encore tôt, laissons le temps au dispositif de se mettre en marche » relativise Bensani Saleh, chroniqueur sportif et habitant du quartier.

De tous les pays qui ont connu des coups d’Etat ou des changements non constitutionnels de régime depuis 2020, le Tchad est le premier à organiser une élection présidentielle. Pour Mahamat Idriss Déby Itno, président de transition et successeur de son père Idriss Déby Itno, mort au combat en avril 2021, l’enjeu est de légitimer dans les urnes un pouvoir transmis nuitamment par un groupe d’officiers alors que des colonnes rebelles menaçaient la capitale.

« Beaucoup pensaient que le Tchad allait sombrer dans le chaos », martèle dans ses meetings celui qui se présente comme seul garant de la stabilité du pays.

Mahamat Idriss Déby Itno n’est plus sous la menace de groupes armés, il a ouvert le pouvoir à ses opposants – son principal rival à l’élection est son premier ministre, Succès Masra – mais s’il profite du régime installé par son père, il ne peut se défaire du bilan dont il a hérité. En dépit de la manne pétrolière qui alimente les recettes de l’Etat depuis vingt ans, le pays stagne dans les profondeurs des indicateurs de développement.

« Il faut que ça change !  »

En cette journée de vote, la plupart des électeurs interrogés affichent pour première préoccupation l’accès aux services de base. Seuls 6 % des Tchadiens disposent de l’électricité, selon les données de la Banque mondiale. « Depuis trois mois, le pays est plongé dans le noir ! Il faut que ça change ! », s’insurge Gauthier Djomba, 43 ans, au sortir de l’isoloir. « Le carburant est trop cher, les produits au marché sont inabordables. Nous n’arrivons pas à nourrir nos enfants et il y a trop de chômage », renchérit Suzanne Nadiorom.

Dans les artères de la capitale règne un calme inhabituel. Le scrutin présidentiel se déroule globalement sans troubles en dehors de quelques incidents liés à l’absence de matériel dans certains bureaux de vote. En revanche à Moundou, la seconde ville du pays, réputée pour être un fief de l’opposition, « des individus non identifiés ont fait irruption dans un bureau de vote (…) en ouvrant le feu, causant la mort d’un électeur de 65 ans », indique Ousmane Houzibé, le responsable régional de l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE).

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