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Avec la victoire de l’Erythréen Biniam Girmay, l’Afrique entre dans l’histoire du Tour de France

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C’est un trésor de coureur cycliste, fin d’épaules et d’esprit, d’une rapidité redoutable, qui s’est imposé lundi 1er juillet dans la troisième étape du Tour de France, sur 230 kilomètres entre Plaisance et Turin, en Italie. L’Erythréen Biniam Girmay est un redoutable finisseur. « Pour réussir un sprint, il faut fermer les yeux et se jeter dans la mêlée », plaisante le vainqueur du jour, membre de l’équipe belge Intermarché-Wanty. « Apparemment, j’ai fermé le bon œil ! », ajoute le coureur de 24 ans qui avait déjà gagné une étape du Tour d’Italie en 2022, et s’était ensuite blessé au globe oculaire, en débouchant le champagne.

La date est historique. Le Tour de France accueille son premier vainqueur d’étape africain noir en 111 éditions, par ailleurs le jour où le premier Equatorien revêt le maillot jaune, en la personne de Richard Carapaz (Education First). Deux coureurs africains blancs avaient déjà décroché des étapes : Robert Hunter en 2007, Daryl Impey en 2019.

Aussi Girmay brise-t-il un plafond de verre tenace : « Etre le premier vainqueur noir africain, c’est un message pour tout le continent. » Et la promesse d’une fête à son retour à Asmara, sur les hauts plateaux à 2 300 mètres d’altitude, dans la capitale de son pays, l’une des rares nations au monde où le cyclisme est roi. Sous des nuages de confettis, Biniam Girmay avait déjà défilé en limousine, après sa victoire au Tour d’Italie, tel Neil Armstrong à la parade dans New York en 1969, après son retour de la Lune.

Mais derrière ces célébrations continue de se poser le problème de l’intégration des coureurs africains dans le peloton, très tardive et lente, contrariée par des obstacles, des pièges et de fausses bonnes nouvelles. « Je n’ai rien contre Biniam Girmay, mais il n’y a pas loin d’une trentaine de coureurs comme lui en Eythrée ou en Ethiopie, commente un entraîneur qui souhaite rester anonyme, ayant officié au Centre mondial du cyclisme (CMC), l’académie de l’Union cycliste internationale (UCI) réservée aux jeunes talents des pays émergents. Où sont-ils aujourd’hui, ces coureurs ? On a été incapables de les détecter et de leur tracer un chemin. »

Un passeport respecté

Daniel Teklehaimanot, à jamais le premier de cette odyssée, avait déjà tenté d’alerter sur cette situation. L’Erythréen, premier Noir africain à prendre le départ du Tour de France, en 2015 – au côté de son compatriote Merhawi Kudus – et le premier à revêtir le maillot à pois de meilleur grimpeur, tenait à le rappeler : « Derrière moi, il y a plein de coureurs. » C’est ainsi que Teklehaimanot avait choisi de se sacrifier lors d’un championnat d’Afrique, dans la région de Casablanca (Maroc), en 2016, pour son compagnon d’entraînement Tesfom Okubamariam. « Il n’a pas eu la chance que j’ai eue d’être repéré un jour », regrettait Teklehaimanot. Okubamariam aurait, en effet, dû vivre une expérience européenne en 2013, mais le gouvernement suisse lui avait refusé un visa.

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