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Des centaines de réfugiés soudanais expulsés illégalement d’Egypte, selon Amnesty International

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Replongés dans une guerre qu’ils ont fuie. Entre janvier et mars 2024, au moins 800 réfugiés soudanais ont été arrêtés et expulsés illégalement par les autorités égyptiennes, selon un rapport d’Amnesty International paru mercredi 19 juin. D’après l’ONG, tous se sont vus refuser la possibilité de demander l’asile, y compris en s’adressant au Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ou de contester les décisions d’expulsion.

Depuis que la guerre a éclaté au Soudan, le 15 avril 2023, entre les Forces armées soudanaises (FAS) dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », près de deux millions de Soudanais ont quitté leur pays. Environ 500 000 sont partis vers l’Egypte, selon les données du HCR.

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Jusqu’à juin 2023, les femmes Soudanaises, les enfants de moins de 16 ans et les hommes de plus de 50 ans étaient exemptés de visa. Mais les autorités égyptiennes ont suspendu ces facilités issues des accords bilatéraux signés en 2004 entre Le Caire et Khartoum sur la circulation des personnes.

« Contrôles au faciès »

En août 2023, l’Egypte a également instauré des règles plus sévères pour l’obtention d’un permis de résidence, exigeant un dépôt en dollars à la banque et imposant aux migrants arrivés illégalement une taxe de 1 000 dollars (940 euros) pour se régulariser. Le décret s’est accompagné d’une montée des sentiments xénophobes et racistes en Egypte face au « fardeau » économique que représente l’accueil de « millions » de réfugiés.

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« Ces discours se matérialisent dans les faits, plusieurs fois par jour au Caire, où la police interpelle des hommes noirs dans la rue pour procéder à des contrôles d’identité. Ce sont en réalité des contrôles au faciès, où les Soudanais sans papiers sont arrêtés, placés en détention sans jugement et expulsés vers le Soudan, ce qui est contraire au droit international », déplore Amira Ahmed, professeure de sciences politiques à l’université américaine du Caire, spécialiste des questions migratoires.

Amnesty International a recueilli des témoignages de Soudanais faisant état, entre autres, d’arrestations « dans des hôpitaux » et de conditions de détention « cruelles et inhumaines » en raison de la « surpopulation, du manque d’accès aux toilettes et aux installations sanitaires, de nourriture insuffisante et de refus de soins de santé adéquats ».

Partenariat entre l’Egypte et l’Union européenne

Ces expulsions massives surviennent alors que l’Union européenne (UE) a signé en mars 2024 un « partenariat stratégique » pour 7,4 milliards d’euros avec l’Egypte. Le partenariat comporte un important volet migratoire : au moins 200 millions d’euros seraient destinés à renforcer les contrôles. Un accord qui a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits humains.

« L’UE est consciente des défis auxquels l’Egypte est confrontée en raison du débordement du conflit au Soudan et est prête à soutenir davantage le pays pour faire face à cette situation difficile, dans le plein respect du droit international et des droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants », a assuré au Monde un porte-parole de la Commission européenne.

En octobre 2022, l’UE et l’Egypte avaient déjà un accord de coopération de 80 millions d’euros, portant sur le renforcement des capacités des gardes-frontières égyptiens, afin de freiner la migration irrégulière et la traite des êtres humains au-delà de la frontière égyptienne. Des gardes-frontières impliqués dans les arrestations arbitraires de réfugiés soudanais et les détentions illégales documentées par Amnesty International.

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