des peines allant jusqu’à dix ans de prison ferme

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Le verdict est tombé, lapidaire, mardi 7 mai à 10 h 15. A cet instant, le même accablement s’est lu sur les traits tirés des accusés. La cour qui statuait dans ce procès-fleuve, ouvert en décembre 2023, après le démantèlement d’un réseau de trafic international de cocaïne en Côte d’Ivoire, a décidé de suivre les réquisitions du parquet du pôle pénal économique et financier d’Abidjan.

Dix-huit des dix-neuf accusés ont été condamnés à une peine de prison ferme. Treize d’entre eux, jugés coupables de trafic international de drogue et d’association de malfaiteurs, ont écopé de dix ans de prison, la peine maximale prévue par la loi.

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Parmi eux, le cerveau du réseau, l’Espagnol Miguel Angel Devesa Mera, qui avait reconnu les faits, et son bras droit Gustavo Alberto Valencia Sepulveda, également condamné pour coups et blessures sur la prostituée Mariam S., qui avait lancé l’alerte à Abidjan.

Trois personnalités de la ville côtière de San Pedro, à l’ouest du pays, où la plus grosse part des deux tonnes de cocaïne avait été saisie, se voient infliger la même peine : César Ouattara, un membre du Conseil régional, Guy Serge Leïla Kouassi, le commandant de la base navale de San Pedro, et le commissaire Dosso Karamoko.

Espagnols, Français, Franco-Ivoirien, Libanais…

Tous avaient été identifiés par Miguel Angel Devesa Mera comme des rouages essentiels de son trafic, ainsi que les Espagnols Aitor Picabea et José Maria Cadabal Muniz, qui travaillaient dans sa société écran Kibor Africa.

Le Colombien Herbert Perez et l’homme d’affaires franco-ivoirien d’origine libanaise Hussein Taan, propriétaire du restaurant Pasta e Pizza à Abidjan, ainsi que le cuisinier de ce même restaurant, Bartolo Priolo, ont reçu la même condamnation, bien que M. Devesa a toujours affirmé qu’ils n’étaient pas impliqués dans son réseau.

Deux hommes dénoncés par l’Espagnol pour un précédent trafic de cocaïne, plus modeste, ont également écopé de dix ans de prison : le Libanais Tammam Machlab, gérant de l’hôtel Saphir à Abidjan, et l’homme d’affaires ivoiro-malien Lassana Soumano.

Cinq accusés, dont l’homme d’affaires français Dominique Amatta, dirigeant de la société de surveillance 911 Security, ont été condamnés à des peines plus légères, de deux à cinq ans de prison, assorties d’amendes de 30 millions de francs CFA (quelque 45 000 euros). Un seul a été acquitté : l’ancien commandant de la section de lutte antidrogue de San Pedro, Lamand Bakayoko, pour lequel le parquet avait requis la relaxe.

60 milliards de francs CFA de dommages et intérêts

Le tribunal a également donné raison à l’Etat ivoirien, qui s’est constitué partie civile, dans ses demandes de dommages et intérêts. Les condamnés devront donc s’acquitter, en plus de leurs amendes, du versement des sommes exigées par la partie civile, échelonnées de 40 millions de francs CFA pour Hussein Taan à 60 milliards de francs CFA pour Miguel Angel Devesa Mera. Les véhicules, téléphones portables, comptes bancaires et sociétés des principaux condamnés, ainsi que les revenus qui en sont issus, sont également confisqués.

Les condamnés disposent de vingt jours pour faire appel mais, d’ores et déjà, les conseils d’Hussein Taan et de Bartolo Priolo de Pasta et Pizza affichent leur intention d’effectuer un recours. « Je n’ai pas coutume de commenter des décisions mais, sincèrement, c’est la désolation. Ce n’est pas de la justice, c’est une distribution de peines », commentait MMathurin Djirabou, conseil de M. Priolo, à la sortie du tribunal.

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« Pendant vingt mois d’enquête, puis trois mois de procès, nous avons établi, démontré, qu’Hussein Taan n’avait rien à voir avec le trafic de drogue. Le dossier ne tenait qu’à des indices, a pour sa part soutenu MBérenger Ahouana. Lorsque j’entends que le cerveau d’un réseau, dont la responsabilité a été démontrée, qui a reconnu les faits, écope de la même peine d’emprisonnement que quelqu’un contre qui il n’y a que des soupçons, vous comprenez ma déception. » « Le cerveau (de ce trafic) a affirmé ne pas connaître notre client, complète son confrère MWilliams Sombo. Le verdict est aberrant et incompréhensible. »

Quelques heures après le délibéré, la procureure Nina Claude Kamagate a tenu une conférence de presse dans la même salle du pôle pénal économique et financier d’Abidjan. « Ce procès était important, a-t-elle déclaré, compte tenu du fait que c’est [le trafic de drogue] un fléau très important. Il fallait juger ces personnes et donner un signal fort à la Côte d’Ivoire, pour dire qu’on ne laissera pas les trafiquants de drogue s’installer dans le pays. »

Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : les chroniques du procès

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