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La Côte d’Ivoire veut faire de ses stades un outil de « soft power » par le sport

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Economiste de formation, Alassane Ouattara n’a pas oublié que la Côte d’Ivoire a investi environ 1,3 milliard d’euros pour accueillir la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), en janvier, remportée par les Eléphants et considérée comme l’une des mieux organisées de l’histoire de la compétition. Une somme colossale, répartie entre la construction et la rénovation des infrastructures sportives et d’autres équipements dans les transports, l’hôtellerie ou la communication.

Le chef de l’Etat a décidé de capitaliser sur l’image positive de cette CAN en développant une diplomatie sportive s’appuyant notamment sur les stades utilisés lors du tournoi. Le pays dispose de six enceintes homologuées par la Confédération africaine de football (CAF), à Abidjan (deux stades), Bouaké, San Pedro, Yamoussoukro et Korhogo. Depuis plusieurs mois, la Côte d’Ivoire est devenue une terre d’accueil pour plusieurs sélections africaines qui ne disposent pas de stade aux normes, comme le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, les Comores, le Tchad ou encore le Burundi.

Pour l’homme d’affaires Eugène Diomandé, président du Séwé Sport de San Pedro, contrairement à des pays qui ont récemment organisé le tournoi et ne se sont plus souciés de l’entretien des stades, la Côte d’Ivoire a fait le choix de les rentabiliser. « Les autorités veulent faire de la Côte d’Ivoire un pays qui compte en Afrique, note-t-il. Elles misent notamment sur le sport et surtout le football, grâce à une utilisation intelligente des différentes structures qui ont servi pour la CAN. Ce tournoi a boosté l’image de la Côte d’Ivoire, l’Etat cherche donc à en profiter avec un retour sur investissement. »

Le Maroc, « une source d’inspiration »

Cet activisme ne se limite pas au football, même si ce dernier prend une part prépondérante dans la stratégie présidentielle. Ainsi, en 2025, la Côte d’Ivoire organisera le championnat d’Afrique féminin de basket-ball et les championnats d’Afrique de judo.

« Le pays veut rayonner non seulement au niveau régional, mais également continental et même international. Il accueille des sélections qui ne viennent pas que d’Afrique de l’Ouest », analyse Jean-Baptiste Guégan, enseignant à Sciences Po et auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique sportive : « C’est une façon de développer et de renforcer les relations diplomatiques avec de nombreux Etats, mais aussi de prouver aux instances sportives que la Côte d’Ivoire sait organiser des compétitions internationales sans couac sécuritaire, puisque la CAN s’est déroulée sans problème majeur. »

En août 2023, le ministère du tourisme a signé un partenariat avec l’Olympique de Marseille. Comme le Maroc ou le Rwanda (sponsor du Paris-Saint-Germain et d’Arsenal), la Côte d’Ivoire a fait le pari d’un soft power par le sport. Acteur majeur du football continental, le royaume chérifien, où se déroulera la CAN 2025 et surtout la Coupe du monde 2030 (dans le cadre d’une organisation tripartite avec l’Espagne et le Portugal), a noué des partenariats avec une quarantaine de fédérations de football, principalement en Afrique subsaharienne.

« Le Maroc est forcément une source d’inspiration pour Alassane Ouattara, même si la stratégie marocaine a été planifiée sur plus de dix ans alors que la stratégie ivoirienne a été moins préparée et résulte en partie du succès rencontré avec la dernière CAN », poursuit Jean-Baptiste Guégan. Le gouvernement ivoirien mise aussi sur le développement des relations diplomatiques grâce au sport pour atteindre d’autres objectifs. « Quand un pays vous rend service, accueille votre sélection nationale, met ses stades à disposition et fait en sorte que le séjour ne vous coûte pas très cher, cela peut déboucher sur des accords politiques, mais aussi commerciaux », conclut Eugène Diomandé.

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