la sélection musicale du « Monde Afrique » #186

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Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction l’Afrique de l’Ouest en compagnie d’artistes voyageurs qui mettent en valeur les cultures locales.

« Zélé », de Praktika (feat. Jahelle)

Burkina, Côte d’Ivoire, Mali… Au gré de ses pérégrinations, le DJ Jérôme Fouqueray alias « Praktika » a développé une approche originale de la musique électronique, qu’il met en œuvre dans son deuxième album, Balani Factory, paru mi-avril. Onze morceaux dont le fil rouge réside dans les lames du balafon, cet instrument emblématique d’Afrique de l’Ouest, et qui trouvent leur origine à Korhogo (nord de la Côte d’Ivoire) lors d’une résidence où le producteur français a invité Innocent Kimpé.

Dans le sillage du balafoniste burkinabé, d’autres artistes locaux ont participé à l’opus, dont son homologue malien Lansiné Kouyaté, le percussionniste ivoirien Sly A 10, la griotte burkinabée Dafra Keita ou encore la chanteuse ivoirienne Jahelle Bonee. En compagnie de cette dernière, Praktika rend hommage, sur le morceau Zélé, à Zélé de Papara (1934-1994), une chanteuse ivoirienne des années 1990 méconnue du grand public.

« Marabali », de Manu Sissoko

C’est la reprise d’une chanson d’Oumou Sangaré, Saa Magni, qui a permis à la Franco-Malienne Manu Sissoko de se faire connaître du grand public en 2022. Formée à la danse, au chant et à la mise en scène au sein de la Troupe du district de Bamako, elle a également étudié, sous l’angle de l’ethnomusicologie, le lien entre la danse et la musique au sein de la prestigieuse lignée de la griotte Dèdè Kouyaté, dont elle a épousé le petit-fils.

Au terme de vingt-cinq années d’immersion dans la culture malienne, elle a enfin publié, fin mars, son premier album, Métisse, dans lequel elle chante en bambara, en soninké et en français son amour pour le Mali et ses réflexions sur la condition féminine, la diversité culturelle, le savoir-vivre… Le tout sous la direction artistique du percussionniste et producteur Vesko, qui apporte des accents jazz et soul aux traditions mandingue et wassoulou.

« Ticking Bomb », de Paolo Baldini DubFiles (feat. Mellow Mood, Lasai & Zacky Man)

La pochette d’In the Shell, le troisième album solo de Paolo Baldini « DubFiles », paru fin mars, est éloquente : un collage d’objets et de textures au centre duquel trône un célèbre « car rapide », emblème de Dakar. C’est en effet à un patchwork sonore dans lequel cohabitent « vestiges du passé, réalités du présent et projections vers le futur » que s’est livré le producteur italien de dub, qui fit ses armes au sein du groupe de reggae Africa Unite.

Au fil de ses voyages en Afrique subsaharienne – et notamment au Sénégal – du fait de liens personnels et familiaux, il a enregistré toute une matière sonore qu’il a ensuite incorporée en studio à ses productions électroniques, avant d’inviter divers chanteurs et chanteuses à poser leur voix dessus. Morceau le plus abouti – et le plus représentatif de cette démarche –, Ticking Bomb voit ainsi la participation de l’Espagnol Lasai et du Cap-Verdien Zacky Man.

Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.

« Du raï à gogo » au Cabaret sauvage

Le raï n’est pas mort, il bouge encore ! C’est en substance le message que veut faire passer Meziane Azaïche, le directeur du Cabaret sauvage, à Paris, en programmant trois soirées, du mercredi 8 au vendredi 10 mai, consacrées à cette musique née dans les années 1920 à Oran et aujourd’hui reconnue comme un symbole de la culture algérienne.

« Le raï s’était un peu éteint depuis la disparition de Cheikha Rimitti [en 2006] et de Rachid Taha [en 2018], affirme Meziane Azaïche. L’époque du raï festif qu’on trouvait partout à la télévision, à la radio et dans les fêtes était révolue. Mais le genre n’a pas complètement disparu et se réinvente aujourd’hui avec de nouveaux artistes. “Du raï à gogo”, c’est une façon de dire que cette musique est toujours vivante. »

Parmi les groupes qui font vivre cette musique – et qu’on retrouvera sur la scène de La Villette – figurent El Besta, qui joue du raï à l’ancienne avec des instruments d’époque, ainsi que Les Héritières, un trio formé par Souad Asla, Cheikha Hadjla et Nawel Ben Kraïem pour rendre hommage à Cheikha Rimitti, surnommée « la mère du raï moderne ». Le reste de la programmation est à retrouver sur le site du Cabaret sauvage.

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