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Les « kids clubs » de Nairobi, ou le paradoxe d’une ville verte où les aires de jeu sont sous cloche

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Il faut passer le tourniquet d’entrée, puis déposer ses chaussures dans de petits rangements, avant de se retrouver face à une multitude de toboggans, de piscines à boules et de structures en tout genre à escalader, à dévaler, à gravir encore – le tout molletonné et sécurisé comme si devait s’y dérouler un match de boxe. Au plafond, des spots lumineux changent inlassablement de couleur, du rose au bleu, du bleu au vert, puis au rose encore. Les enceintes crachent une musique d’ambiance – s’il en fallait – de style techno ou pop. L’enfant adore. Le parent se demande comment il a bien pu se retrouver dans pareil traquenard un samedi matin, à 10 heures, en chaussettes.

Au Westgate, un grand centre commercial situé en plein cœur de Nairobi, la capitale kényane, le « kids club », niché juste en dessous du cinéma, a opté pour un décor « jungle » – du vert partout, jusque sur le sol et les petits canapés en revêtement plastique, surplombés de fausses feuilles de palmier, destinés à accueillir les parents.

Derrick (qui n’a pas souhaité donner son nom), 37 ans, est calé sur l’un d’eux, scrollant sur son téléphone pendant que ses deux filles de 6 et 8 ans courent, grimpent, sautent, glissent, puis recommencent. « C’est une bonne option pour les enfants, pour les sortir de la maison, et c’est vraiment conçu pour qu’ils ne puissent pas se faire mal », salue-t-il, admettant quand même que la journée s’annonce longue : il ne sortira pas de là avant 17 heures. « Elles vont vouloir aller déjeuner et revenir après. Tu es là, tu t’assois, tu t’ennuies un peu. Leur mère ? Elle n’est pas capable de rester assise comme ça toute la journée. Moi, ça ne me dérange pas. »

Expatriés et classes aisées

En ce début de matinée, le niveau sonore, tout comme le nombre d’enfants, reste encore supportable. A partir de midi, ce sera le début des fêtes d’anniversaire, généralement à thème, avec leurs animateurs débordants d’énergie, leurs gâteaux colorés façon pièce montée et leurs sachets de petits cadeaux offerts à chaque invité.

Nairobi, comme la plupart des capitales de pays en développement, est très inégalitaire. Les centres commerciaux y sont pensés comme de véritables aimants pour la classe moyenne, des lieux de socialisation où l’on vient le week-end faire ses courses mais aussi manger une glace, déambuler devant les vitrines ou déjeuner dans les food courts. Mais, à 1 000 shillings l’entrée (environ 7 euros) ou plus par enfant, et parfois par parent, le kids club est, lui, surtout fréquenté par les expatriés et les classes aisées.

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