Des manifestations ont eu lieu, samedi 6 juin, dans les îles espagnoles des Canaries pour protester contre l’immigration clandestine dans cet archipel qui a accueilli plus de 19 000 migrants sur ses côtes depuis le début de l’année. Avec des pancartes « Défendons nos quartiers » ou « Stop à l’immigration illégale », les manifestations ont eu lieu dans des villes comme Las Palmas et Santa Cruz de Tenerife, et ont rassemblé plusieurs centaines de personnes dans cet archipel de l’océan Atlantique, au large des côtes de l’Afrique du Nord-Ouest, selon la presse locale.
« Cette situation aux Canaries est insoutenable », a déclaré à l’Agence France-Presse Juan Manuel Garcia, un manifestant de 70 ans qui a participé à la manifestation de Tenerife. « Les Canaries n’ont pas les moyens d’entretenir ceux qui arrivent », a-t-il ajouté. « C’est devenu un trafic de vies humaines et la mafia profite de tous les morts en mer », a déclaré Rudy Ruyman, l’un des organisateurs de la manifestation. Plusieurs avocats avaient demandé au ministère public d’interdire ces rassemblements au motif qu’elles pourraient constituer un crime de haine, mais cette demande n’a pas été suivie d’effet, selon les médias locaux.
Route migratoire dangereuse mais populaire
L’Espagne est l’une des trois principales portes d’entrée de l’immigration en Europe, avec l’Italie et la Grèce. Jusqu’au 30 juin, 19 257 migrants sont arrivés par mer aux îles Canaries à bord de 297 embarcations, contre 7 213 à bord de 150 embarcations au cours de la même période l’année dernière, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. En 2023, près de 40 000 migrants ont débarqué dans l’archipel, contre 15 600 en 2022, dépassant ainsi le record établi en 2006.
La route migratoire de l’Atlantique est particulièrement dangereuse, ce qui ne l’empêche pas de gagner en popularité, étant moins surveillée que la Méditerranée. Samedi, une nouvelle embarcation précaire est arrivée sur la petite île d’El Hierro, dans le sud-ouest des Canaries, avec 56 personnes à bord, dont un mort, ont rapporté les services d’urgence. Plus de 5 000 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne par la mer au cours des cinq premiers mois de l’année – la grande majorité d’entre eux sur la route des Canaries – ce qui équivaut à 33 décès par jour, a rapporté en juin l’ONG espagnole Caminando Fronteras.