« Galy, Galy, Galy, il est où Galy ? Ah, le voilà ! » Dans l’entrée d’un bâtiment, rue de Rome, à Massy (Essonne), Jérôme Guedj parle pour lui-même devant une série de boîte aux lettres. Des heures que le député sortant de l’Essonne joue les facteurs dans son quartier d’enfance. Il a fait imprimer des milliers de lettres et d’enveloppes personnalisées pour les personnes âgées, celles qui participent le plus aux élections. Encore faut-il parlementer à l’interphone, entrer, puis trouver la boîte de chacun. En sortant de l’immeuble, l’élu socialiste croise son père, qui vient de glisser les mêmes missives dans d’autres logements sociaux. « Je fais toutes ses campagnes depuis 1998, sourit le kinésithérapeute à la retraite. Cette fois-ci, j’ose espérer qu’il passe dès le premier tour. » « Mon père est d’un irrémédiable optimisme », commente l’intéressé, bien plus prudent.
C’est que la partie se révèle complexe et inédite. Cette fois-ci, Jérôme Guedj n’a pas pour adversaire principal les macronistes qui l’avaient battu en 2017, ni la droite ou l’extrême droite, mais une femme de son propre camp. Jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, l’écologiste (Générations) Hella Kribi-Romdhane était même sa suppléante à l’Assemblée nationale. Depuis quinze jours, rien ne va plus entre eux.
Au cœur de la discorde, le Nouveau Front populaire. Jérôme Guedj a beau avoir été investi par cette coalition de gauche et en reprendre le programme, il refuse d’en porter les couleurs, pour ne rien devoir à La France insoumise (LFI) et à son ancien camarade socialiste Jean-Luc Mélenchon, un homme qui l’a traité ces derniers mois de « lâche », de « délateur » et l’a accusé de renier ses principes, avec des propos frôlant l’antisémitisme. Sur les tracts qu’il dépose dans les boîtes aux lettres, Jérôme Guedj se présente donc comme candidat du « rassemblement de la gauche, des écologistes et des progressistes », soutenu par tous les partis de gauche, sauf le Nouveau parti anticapitaliste et LFI.
Hella Kribi-Romdhane, elle, défend au contraire bec et ongles le Nouveau Front populaire, et l’alliance avec LFI. Elle a d’ailleurs pris comme suppléant un ancien porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Philippe Juraver. « Moi aussi, j’ai des réserves à l’égard de Jean-Luc Mélenchon, explique la conseillère municipale de Massy. Mais il n’y a pas 36 manières d’être majoritaires, il faut l’union de toute la gauche, y compris de LFI. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’être candidate, pour que le Front populaire soit représenté dans cette circonscription. »
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