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A Nouméa, une nuit d’émeutes violentes réveille le spectre des « événements » de 1984

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Partout, lundi 13 mai dans la soirée, une même scène se répète inlassablement dans Nouméa, la capitale d’habitude si paisible de la Nouvelle-Calédonie. Depuis la tombée de la nuit, de très jeunes militants indépendantistes se livrent à un dangereux jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre. Cocktails Molotov et pierres d’un côté, Flash-Ball, grenades de désencerclement et véhicules blindés de l’autre. La ville s’embrase.

Au fur et à mesure que la nuit avance, les témoignages du déchaînement de violence qui frappe les quartiers de Magenta, Montravel et Rivière-Salée font le tour des réseaux sociaux. Plusieurs supérettes sont incendiées, ainsi qu’au moins deux concessions automobiles, et l’usine de la société Le Froid, un gros distributeur de boissons, est totalement ravagée par les flammes vers 22 heures locales.

L’insurrection gagne jusqu’aux quartiers huppés, généralement épargnés. En début de soirée, sur le rond-point de l’Eau-Vive qui marque l’entrée sud du Nouméa privilégié, des dizaines de frêles silhouettes encagoulées prennent possession du terre-plein central, avant d’être délogées par des gendarmes mobiles au milieu de promeneurs et d’automobilistes éberlués.

Trente-six gendarmes blessés

Le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a pourtant lancé un avertissement ferme au journal télévisé de la chaîne La 1ère, un peu plus tôt. Il s’est notamment adressé aux jeunes kanak de la tribu de Saint-Louis, tout proche de Nouméa, qui ont tiré sur les gendarmes sans les toucher. « On ne joue pas avec la sécurité (…) avec des armes automatiques, des armes de poing, des carabines de gros calibre. Je vais engager le GIGN [groupe d’intervention de la gendarmerie nationale] sur le secteur de Saint-Louis. » Celui-ci s’est vu autoriser à riposter, en légitime défense.

Au début de l’après-midi, trois surveillants avaient été pris en otage lors d’une mutinerie vite matée dans la prison surpeuplée du « Camp Est », tandis que des routes de la Grande Terre étaient coupées. L’aéroport, menacé, a fini par fermer.

Avant qu’elle ne dégénère, cette journée, qui devait marquer la désapprobation du camp indépendantiste envers la réforme constitutionnelle sur l’ouverture du corps électoral, examinée lundi par l’Assemblée nationale, avait pourtant commencé dans le calme, conformément aux consignes des organisateurs. La mobilisation, annoncée depuis des semaines par la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), l’organisation dédiée du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), a été au rendez-vous. Jamais depuis les prémices de la quasi-guerre civile qui a frappé l’archipel dans les années 1980, les indépendantistes n’avaient autant rassemblé.

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