Home Politique à Seloncourt, « on a l’impression de ne plus être chez nous »

à Seloncourt, « on a l’impression de ne plus être chez nous »

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Christiane a l’habitude de s’asseoir sur un banc. Celui qui fait face à son appartement et jouxte l’ancienne école communale de Seloncourt (Doubs), en bordure de la route départementale. C’est le petit bol d’air quotidien que s’offre cette veuve de 85 ans, dans ce bourg de 6 000 habitants, situé entre les usines Stellantis (ex-Peugeot) de Sochaux-Montbéliard et la Suisse, à l’est. Christiane n’a jamais travaillé. Elle a élevé ses trois garçons et a toujours voté comme son mari, « à droite ». Aux élections législatives, elle votera donc Emmanuel Macron. Danielle, qui s’est assise à ses côtés ce jour-là pour tailler la bavette, non. Sa voix ira « pour le jeune là, Jordan ». A l’image de 43,4 % des électeurs de Seloncourt qui ont déjà plébiscité le candidat du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, lors des élections européennes du 9 juin.

Ce n’est pas la première fois que Danielle, 75 ans, met un bulletin RN dans l’urne. Elle le fait en pensant à sa modeste retraite – elle a fait toute sa carrière au sein du deuxième plus gros équipementier automobile français, Faurecia – et « à ceux qui ne foutent rien, qui cassent tout et on y donne ». L’immigration, c’est un sujet de mécontentement aussi. « J’ai travaillé avec [des immigrés], il y a quarante ans, ils étaient bien. Mais y’en a de plus en plus et y’en a qui manquent de respect, faut quand même qu’ils s’adaptent », explique-t-elle.

Nicole dit peu ou prou la même chose. Cette retraitée de 76 ans retrouve tous les après-midi des amies au bord du Gland, la rivière qui traverse la commune. Elle votera RN, comme elle en a désormais l’habitude. Parce qu’« il faut que ça change ». Macron ? « C’est un de la haute, ses promesses ne sont que du vent. » Nicole a fait un bout de carrière à « la Peuge », comme on appelle ici l’usine automobile qui a irrigué tout le bassin d’emploi. Avant de s’arrêter pour élever ses enfants puis de travailler comme femme de ménage et auprès de personnes âgées. Elle touche 1 500 euros par mois de retraite. « Les artistes qui disent : “Votez comme ci”, ils ont qu’à nous donner leur paye et prendre notre retraite », dit-elle.

La crainte que « ce qui se passe ailleurs arrive ici »

Les retraités composent un tiers des habitants de la commune où Emmanuel Macron est arrivé en tête au second tour de l’élection présidentielle de 2017 mais qui s’est largement fait devancer par Marine Le Pen aux deux tours de celle de 2022. La députée sortante, Géraldine Grangier, est elle aussi encartée au RN. Le maire divers droite, Daniel Buchwalder, 75 ans, ne s’explique pas vraiment cet enracinement : « Ici, on a une sociologie plutôt classe moyenne, il n’y a pas de grands ensembles, pas de rodéos. Une voiture a brûlé une fois, en 1998. On a un peu de tapage de jeunes mais on ne peut pas dire que ça soit la zone. » Plus qu’une réalité, l’édile perçoit un « sentiment d’insécurité », la crainte que « ce qui se passe ailleurs arrive ici ». Il parle aussi d’un « agacement » de ses administrés vis-à-vis des immigrés.

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