A l’heure où l’Etat russe est légitimement banni des Jeux olympiques de Paris et sanctionné très sévèrement par les Européens pour la guerre d’agression qu’il mène en Ukraine, à l’heure où son chef récemment réélu, Vladimir Poutine, est l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), Emmanuel Macron reçoit en France Xi Jinping, le président d’un pays, la Chine, qui poursuit en toute impunité sa politique génocidaire contre les Ouïgours.
La Chine continue de recourir au travail forcé et soumet des centaines de milliers de Ouïgours à l’esclavage, des millions de Ouïgours ont été prisonniers de camps et de prisons en raison de leur identité ethno-religieuse, des familles de Français d’origine ouïgoure sont encore détenues en Chine, la quasi-totalité des Ouïgours de France ont perdu tout contact avec leurs proches et vivent sous la menace et l’intimidation permanentes.
Mais la France accueille, au nom d’une réouverture proclamée du pays après les années Covid et d’une politique de rapprochement avec la Chine, l’artisan et le premier responsable du génocide qui cible mon peuple et le détruit inexorablement.
Nos nuits traversées de cauchemars, nos généalogies disloquées, notre sentiment d’impuissance et notre crainte d’être effacés de l’histoire de l’humanité n’ont donc aucun sens pour Emmanuel Macron. Inviter l’ogre génocidaire à l’Elysée, partager un temps « plus personnel » avec lui, tout cela pour améliorer nos relations commerciales et pour célébrer soixante ans d’« amitiés diplomatiques », quel curieux banquet de cendres !
Camps de concentration et prisons
Mais de quoi, au juste, aura-t-il encore le droit de discuter avec Xi Jinping ? De l’annexion programmée de Taïwan ? Des enfants tibétains arrachés à leur famille et placés dans des orphelinats d’Etat ? De la répression des voix dissidentes et des prisonniers politiques ? Des Ouïgours victimes, en Europe et en France, de répression transnationale ? Des commissariats chinois fantômes qui violent la souveraineté territoriale de la France ?
Le 20 janvier 2022, dans une résolution solennelle, l’Assemblée nationale a condamné le génocide des Ouïgours, reconnu que le régime chinois enfermait et torturait Ouïgours, Kazakhs et autres peuples turciques dans des camps de concentration et des prisons, que les femmes ouïgoures étaient stérilisées de force, que la démographie ouïgoure avait chuté de moitié en un temps record – dans certaines préfectures, cette chute est de 84 % ; elle a reconnu que des centaines de milliers des enfants ouïgours étaient séparés de leurs familles pour être assimilés à la culture chinoise dans des orphelinats d’Etat ou dans des familles Han.
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