Mais où est passé Edouard Philippe ? Alors que l’examen du budget enflamme l’Assemblée nationale et que les acteurs de la nouvelle coalition au pouvoir – dont fait partie la formation du maire du Havre, Horizons – se déchirent pour les postes à responsabilité au Palais Bourbon, le seul candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle reste invisible. Ou presque : on le retrouve à la télévision, alors que la série adaptée du livre coécrit avec son ami et conseiller Gilles Boyer, Dans l’ombre (Lattès, 2011), est diffusée à partir de mercredi 30 octobre, sur France 2.
Réalisée par Pierre Schoeller (L’Exercice de l’Etat, 2012), la série met en scène un candidat à la présidentielle, Paul Francœur, qui a gagné une primaire de la droite contre Marie-France Trémeau, femme à poigne et sans scrupule jouée par Karin Viard, qui a raconté dans Télé 7 Jours s’être inspirée de Rachida Dati. Une fois la primaire gagnée, Francœur se lance dans la course à l’Elysée, entouré d’une équipe de fidèles conseillers, dont un spin doctor dévoué, César, interprété avec finesse par Swan Arlaud.
Evidemment, il est tentant d’identifier des points communs entre le personnage de Francœur, joué par Melvil Poupaud, et l’ancien premier ministre, qui s’est déclaré candidat à la fin de l’été dans Le Point. L’acteur a la même barbe poivre et sel que celle naguère portée par Edouard Philippe et le même domaine de prédilection, l’éducation. Il porte surtout, comme son supposé modèle, une certaine idée de la politique, se préfère au-dessus de la mêlée, et rechigne – avec un brin d’orgueil, qui peut passer pour de l’arrogance – à descendre dans l’arène médiatique.
Alors que Gabriel Attal et Gérald Darmanin, hantés par le spectre de l’effacement, rivalisent d’interventions médiatiques, le maire du Havre préfère sillonner la France des sous-préfectures, à la rencontre des élus locaux. Il était la semaine dernière dans le Tarn et dans l’Hérault, se rendra cette semaine en Haute-Savoie. Au lendemain de la dissolution, il a préféré ne pas revenir dans le chaudron de l’Assemblée, alors que plusieurs ténors (François Hollande, Laurent Wauquiez…) faisaient le choix inverse, désireux d’exister.
« Confusion des genres »
Productrice de Dans l’ombre, Marie Masmonteil assure qu’il ne s’agit pas d’une « série à clé », et qu’il serait vain de chercher une quelconque résonance avec le présent. Les droits du livre ont été acquis en 2016, quand Edouard Philippe était simple député Les Républicains, loin de s’imaginer qu’il serait nommé premier ministre un an plus tard. Gilles Boyer, qui a présenté Dans l’ombre, début octobre, au Festival de la fiction et du documentaire politique de La Baule, jure que Paul Francœur n’est pas Edouard Philippe : « L’un est réel et l’autre imaginaire, un point c’est tout. » « Nous revendiquons le droit à la fiction », insiste-t-il.
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