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Au Rassemblement national, l’effacement officiel de toute « idéologie » masque mal la radicalité des cadres du parti

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Plus rien ne serait radical au Rassemblement national (RN). Ni les dizaines de candidats aux législatives épinglés pour racisme, antisémitisme ou complotisme – la plupart maintenus après leur qualification au second tour du 7 juillet – « Ne salissons pas gratuitement des candidats qui représentent le peuple de France », a balayé, lundi 1er juillet, Jordan Bardella, président du parti et aspirant premier ministre. Encore moins les idées véhiculées par leur programme – « Nous ne sommes pas un parti d’idéologie mais un parti d’action », assurait-il pendant la dernière campagne européenne.

Préférence nationale, discrimination des binationaux dans l’accès aux emplois publics : les engagements xénophobes des héritiers de Jean-Marie Le Pen ne seraient plus motivés par un quelconque dogme, mais par le seul « bon sens ».

La prise de distance officielle de Marine Le Pen et de Jordan Bardella avec la moindre philosophie politique a marqué la dernière étape de leur entreprise de « dédiabolisation », et souvent justifié l’absence de travail de fond dans de nombreux domaines – écologie, éducation, logement. Mais si les deux têtes d’affiche de l’extrême droite française jurent n’être guidées par aucune idéologie, l’organisation de leur parti, la composition de leurs entourages et le choix de leurs prestataires témoignent de la permanence des courants radicaux qui, depuis sa création en 1972, ont irrigué le Front national (FN, devenu RN en 2011), bâti ses fondamentaux et inspiré une partie de la base programmatique défendue lors de ces législatives anticipées.

Officiellement, la reprise en main du FN par Marine Le Pen au tournant des années 2000 a mis fin au « compromis nationaliste », ou à la cohabitation au sein du mouvement des multiples chapelles de l’extrême droite, des catholiques traditionalistes aux nationalistes révolutionnaires, en passant par les identitaires, les souverainistes et la Nouvelle Droite. Terminé, les courants internes parfois contradictoires, susceptibles de remettre en cause la ligne de la direction ou d’affecter la « normalisation » par leur violence.

Les idéologies ont disparu de l’appareil, pas ceux qui les portent. Directeur général du RN depuis deux ans, chargé des élections, de l’implantation et de la formation des cadres, Gilles Pennelle a frayé avec le groupuscule néopaïen et racialiste Terre et peuple. En février 2022, l’eurodéputé a relayé un article aux forts relents antisémites sur l’équipe d’Eric Zemmour, s’étonnant lui-même du « curieux entourage » de l’ancien journaliste du Figaro : « Hommes de la banque Rothschild, de J.P. Morgan, et de beaucoup d’autres réseaux de la finance internationale… »

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