Carla Bruni-Sarkozy a-t-elle joué les intermédiaires entre son époux et Michèle Marchand (dite « Mimi »), figure de la presse people soupçonnée d’avoir orchestré la rétractation impromptue et médiatisée de Ziad Takieddine ? C’est la question à laquelle les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales tenteront de répondre en entendant jeudi 2 mai l’épouse de l’ancien président, selon les informations du Monde, confirmées de source judiciaire.
Car si l’enquête concernant le financement supposé libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007 est close – dans ce dossier, l’ancien chef de l’Etat sera jugé début 2025 pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs » –, celle sur les manœuvres destinées à tromper la justice et influencer l’opinion publique se poursuit.
En octobre 2020, Ziad Takieddine, un affairiste désargenté que Nicolas Sarkozy considère comme son « principal accusateur » dans l’enquête sur le financement de sa campagne, s’était vu promettre plusieurs millions d’euros en échange de sa rétractation. Pour recueillir ses propos et en capter les images, Mimi Marchand s’était rendue au Liban, où M. Takieddine vit depuis sa condamnation en France dans l’affaire de Karachi, accompagnée d’un journaliste, d’un photographe de presse et d’intermédiaires. Face au peu d’intérêt médiatique et judiciaire suscité par le revirement retranscrit dans Paris Match et diffusé sur BFM, il avait été décidé de retourner au Liban en décembre, cette fois pour demander à Ziad Takieddine la signature d’une sommation interpellative – un document officiel signé devant notaire.
Nicolas Sarkozy a-t-il seulement été informé du projet de Mimi Marchand tardivement, comme il l’affirmait aux magistrats en octobre 2023, ou y a-t-il participé activement ? Ses dénégations ne les ont pas convaincus. Dans la foulée de son interrogatoire, l’ancien chef de l’Etat a été mis en examen pour « recel de subornation de témoin » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée », aux côtés de neuf autres personnes dans ce dossier, dont Mimi Marchand, pour « subornation de témoin » et « association de malfaiteurs ». Le rôle de Carla Bruni-Sarkozy, proche de Mimi Marchand, restait jusqu’ici en suspens.
Tests PCR et messages effacés
Les enquêteurs sont susceptibles de l’interroger sur plusieurs éléments de preuve recueillis en cours d’enquête. En octobre 2020, l’épidémie de Covid-19 est loin d’être éteinte. Pour pouvoir se rendre à Beyrouth, l’équipe de Mimi Marchand a besoin de présenter des tests PCR négatifs avant son départ. Face aux délais de rendez-vous et de traitement qui parfois s’allongent, Carla Bruni a fait appel à l’un de ses officiers de sécurité pour accélérer le processus. « Madame, c’est une affaire réglée pour mardi matin, 48 heures avant leur départ pour le Liban » répond-il rapidement à Carla Bruni.
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