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« Ces législatives constitueront à l’évidence une étape dans le processus de reconstruction de la gauche »

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La conclusion d’une alliance électorale entre les partis de gauche a surpris, semble-t-il, le camp macroniste, qui tablait sur la division des partis qui la composent. Mais cette union va-t-elle être effective dans les urnes ? Voilà qui pose la question des deux « gauches irréconciliables ».

En 2016, cette expression de Manuel Valls renvoyait déjà moins à un diagnostic qu’à un souhait de son auteur. Elle occulte un constat majeur : l’union des forces de gauche n’a jamais été un chemin tranquille. On aurait tort d’oublier les divergences notoires qui séparaient les socialistes de leurs partenaires dans les alliances passées. C’est flagrant s’agissant du Front populaire de 1936, du tripartisme à la Libération et de la victoire de Mitterrand en 1981.

Très lié à Moscou, le Parti communiste français était alors un partisan résolu de la nationalisation de pans entiers de l’économie. On en conviendra, cela n’est pas une configuration plus facile que l’alliance avec un parti comme La France insoumise (LFI) – la démocratie interne y rencontre à l’évidence des limites sérieuses…

Quant à la coalition emmenée par Lionel Jospin en 1997, elle était baptisée « gauche plurielle » pour bien montrer sa diversité – avec l’émergence d’une force écologiste qui exprime également, à sa manière, une forme de radicalité. Pourtant, ces divergences n’ont pas empêché la conclusion de ces alliances, ni même leur victoire et l’exercice du pouvoir pour une période plus ou moins longue.

Bases sociales et idéologiques

Qu’en est-il dans le paysage politique d’aujourd’hui ? Personne n’a oublié les divisions de la Nupes depuis 2022. Elles n’ont pas été contournées dans l’accord annoncé le 13 juin, qui définit des positions claires. Surtout, le poids relatif de LFI sera de toute évidence réduit chez les députés élus le 7 juillet. Arguant du score obtenu par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022 (22 %) face au résultat calamiteux de la candidate socialiste Anne Hidalgo (1,8 %) et aux performances modestes des candidats écologiste et communiste, LFI avait obtenu 350 circonscriptions sur 577, et davantage d’élus que toutes les autres formations de la Nupes réunies. La liste emmenée aux européennes par Raphaël Glucksmann a réussi à inverser le rapport de force. La prééminence de LFI (229 circonscriptions) dans les investitures du Nouveau Front populaire est donc fortement réduite.

Au demeurant, l’examen des bases sociales et idéologiques des électorats LFI et socialiste aux élections européennes confirme leur compatibilité. Du point de vue des classes sociales, on a assisté sur le dernier demi-siècle à ce qu’on peut appeler un grand retournement électoral. Alors que les classes populaires votaient jadis à gauche et les classes moyennes et supérieures à droite, c’est l’inverse aujourd’hui. Globalement, 35 % des cadres, professions intermédiaires et indépendants ont voté à gauche aux européennes, contre seulement 28 % des ouvriers et employés, selon un sondage réalisé par l’IFOP, le 9 juin. Cette inversion est massive chez les électeurs socialistes et écologistes, tandis que LFI a continué de convaincre un peu plus les catégories populaires (12 %) que les actifs plus privilégiés (10 %). Mais que les électorats de formations politiques distinctes soient partiellement différenciés ne constitue pas un handicap. Et l’avantage de LFI dans les catégories populaires peut d’ailleurs constituer un atout face au Rassemblement national (RN), quand on sait qu’un ouvrier sur deux a voté pour la liste menée par Jordan Bardella.

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