Home Politique comment le RN tergiverse sur sa principale promesse des élections européennes

comment le RN tergiverse sur sa principale promesse des élections européennes

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« Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? C’est pourtant simple ! » Le directeur de campagne de Jordan Bardella pour les élections européennes, Alexandre Loubet, semble fatigué de devoir expliquer la mesure qui figure tout en haut du programme du Rassemblement national (RN) : la « double frontière ». Et l’imprécision du volet français de cet engagement pollue la fin de campagne de Jordan Bardella, après avoir été exposée par le premier ministre, Gabriel Attal, lors de son débat face à la tête de liste du RN, le 23 mai.

Peut-être parce que les détails de ce dispositif seraient, vu de l’électorat de l’extrême droite, assez décevants au regard de la promesse historique de fermeture des frontières. Peut-être aussi parce qu’au-delà de l’aspect pratique, cette réforme, dans ses deux dimensions européenne et française, relève de prérogatives du chef de l’Etat et nécessiterait, a minima, une refonte des traités européens.

Contrairement à son projet de 2019, le RN ne propose plus de sortir de l’espace Schengen de libre circulation. Mais il veut en limiter l’application aux citoyens européens. Dans le détail, plus rien n’est clair. Ces dernières semaines, Le Monde a interrogé plusieurs cadres du parti sur ce point prioritaire du programme. Aucun n’a donné la même version.

Un exemple qui n’existe pas

Il y a celle de Fabrice Leggeri, l’ancien directeur (2015-2022) de Frontex, l’agence de garde-côtes européens, numéro trois de la liste de Jordan Bardella. Lui envisage que les citoyens extra-européens, dotés d’un titre de séjour attribué par un autre pays membre de l’espace Schengen, puissent faire une simple « déclaration en ligne » précisant les raisons de leur passage en France. Un droit d’accès leur serait immédiatement remis sous forme de QR code, sur le modèle du passe vaccinal expérimenté durant la pandémie de Covid-19, débutée en 2020.

Lire le portrait | Article réservé à nos abonnés Fabrice Leggeri, l’ancien directeur de Frontex devenu frontiste

Soucieux de ne pas créer d’embouteillages aux frontières, l’ancien haut fonctionnaire écarte « un retour des visas, qui serait une usine à gaz », ni un contrôle systématique aux principaux points de passage, y compris dans une voie réservée aux extra-Européens. Mais il précise, s’agissant pourtant de la principale mesure du programme, que le RN « affinera tout cela après la campagne ».

Il y a ensuite la version d’Alexandre Loubet : « Les étrangers non ressortissants de l’espace Schengen devront tout simplement demander un visa, auprès des autorités classiques et dans les conditions qui sont aujourd’hui en vigueur, explique le directeur de campagne. On ne ferait que réclamer ce qu’exigent une majorité de pays – hors Union européenne [UE], bien sûr. Ça ne choque personne que certains Etats américains exigent une autorisation pour passer de l’un à l’autre. » Cela ne choque personne, car cette autorisation n’existe pas.

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