Home Politique En Nouvelle-Calédonie, après la visite d’Emmanuel Macron, les quartiers indépendantistes restent mobilisés

En Nouvelle-Calédonie, après la visite d’Emmanuel Macron, les quartiers indépendantistes restent mobilisés

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Après treize jours d’émeutes, la mission de « rétablir l’ordre dans les jours à venir » fixée par le président Emmanuel Macron se révèle difficile. La sécurité n’est toujours pas rétablie dans Nouméa et sa banlieue. Pour les Français de métropole coincés en raison des émeutes, de premiers vols à bord d’appareils militaires ont décollé samedi de l’aérodrome de Magenta, à Nouméa, vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Vendredi, un homme de 48 ans a trouvé la mort sur un barrage, portant à sept le nombre de victimes des émeutes. Selon les premiers éléments de l’enquête, un policier aurait fait usage de son arme après avoir été pris à partie par des émeutiers sur un barrage situé dans le quartier de Koutio, où les affrontements se poursuivent.

Politiquement, la visite express du président de la République, jeudi, semble n’avoir rien réglé. Samedi matin, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a renouvelé son appel au calme, tout en faisant du retrait de la réforme un préalable à la discussion. Car celle-ci n’est ni retirée ni suspendue, et la réunion des parlementaires à Versailles n’est pas formellement reportée. « Je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force », avait simplement déclaré le chef de l’Etat à l’issue de ses rencontres avec les élus calédoniens. « Le peuple a parlé. Le FLNKS est opposé au dégel du corps électoral tel que défini dans le projet de loi constitutionnelle. Ce texte doit donc être retiré par le gouvernement français », a écrit le mouvement dans un communiqué.

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« Si Macron retire le texte, demain, tout ça, c’est terminé », continuent à dire Nelson (qui a souhaité rester anonyme) et ses camarades du barrage indépendantiste de Montravel, lunettes de soleil, cagoules et capuches sur la tête. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces de l’ordre sont intervenues pour lever leur barricade qui empêchait la circulation sur la RT1, la route qui permet de sortir de Nouméa, qu’émeutiers et militants contrôlaient depuis le 13 mai au soir, quand la Nouvelle-Calédonie s’est embrasée pour protester contre la réforme du corps électoral. Les rôles se sont inversés, ce sont désormais les policiers et les gendarmes qui ont la main sur le rond-point, d’où ils surveillent l’entrée du quartier à l’aide de jumelles.

« Le dégel, c’est la fin du peuple kanak »

« Nous, on est prêt à continuer la mobilisation, puisque le président de la République, apparemment, ne nous entend pas », confirme Yamel, quinquagénaire respecté de Montravel. Avec le temps qui passe et les difficultés chaque jour plus nombreuses dans ce quartier quasi coupé du monde, le ressentiment s’est installé dans les rangs des militants. Ici, on assure ne pas être à l’origine des incendies et des pillages et on réfute la comparaison avec les émeutes qu’a connues l’Hexagone en 2023. Pour ces jeunes, le mouvement est bien politique : « Le dégel, c’est la fin du peuple kanak, déjà qu’on est minoritaire en nombre, on n’aura plus jamais notre mot à dire si on laisse faire, pense Nelson. Et puis nous, on fait ça aussi pour nos vieux, qui se sont battus en leur temps. »

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