Des heurts sérieux ont marqué les élections européennes du 9 juin en Nouvelle-Calédonie, dans les quartiers nord du Grand Nouméa. A Dumbéa sur mer, les quartiers de Pic aux Chèvres, Koutio et Apogoti ont été de nouveau sous tension. Les forces de l’ordre sont intervenues et la quatre-voies Savexpress a été bloquée au niveau de Païta vers Nouméa. « Ça re-pète de partout, restez chez vous », conseillaient à l’aube sur Facebook les automobilistes pris dans le maelstrom.
A Dumbéa, l’école Robert-Abel prévue pour accueillir les électeurs a été brûlée dès mercredi et le maire Yoann Lecourieux craignait un « coup des émeutiers ». Il souhaitait n’ouvrir ses bureaux qu’entre 8 heures et 16 heures et réduire le nombre d’assesseurs présents pour leur éviter de prendre des risques sur la route au moment du couvre-feu de 18 heures, mais il n’a pas été entendu.
L’Etat avait levé l’état d’urgence le 28 mai pour pouvoir organiser le scrutin européen et a envoyé ces derniers jours pas moins de cinq escadrons de gendarmerie, deux compagnies de CRS et soixante personnels du GIGN en renfort – de quoi porter à près de 4 000 le nombre des policiers et gendarmes sur le territoire de 270 000 habitants. A midi, la participation s’établissait à 8,81 %, proche de celle de 2019 (8,13 %).
Des électeurs, empêchés de se rendre sur leur lieu de vote en raison des barrages ce dimanche matin, tentaient ainsi de se présenter dans un autre bureau – les 222 831 inscrits sur la liste générale devaient se rendre dans 50 sites seulement, où avaient été regroupés les 296 bureaux de vote habituels des 33 communes du territoire. « J’ai essayé d’aller à Dumbéa en venant de Saint-Quentin, mais c’était impossible, c’est la guerre là-bas ce matin », témoignait un jeune homme de la communauté Wallisienne venu en vain avec son père et sa sœur à la mairie de Nouméa.
Evelyne, elle, a pu glisser un bulletin dans l’urne, dans la salle d’honneur de la mairie de Nouméa, protégée par un gros dispositif policier, place des Cocotiers. « Il est important de voter pour rester Français, et l’Europe est très présente pour nous, même si on se demande où est passé tout son argent quand on voit la mauvaise gestion des indépendantistes », juge-t-elle en sortant de l’Hôtel de ville. La septuagénaire, résidente de la Vallée des Colons, veut aussi « adresser un message à Macron ». Elle rappelle que dans les années 1980, les Calédoniens d’origine européenne « pensaient que Mitterrand allait [les] lâcher. Le seul à nous avoir défendus était Jean-Marie Le Pen, à l’Assemblée nationale. Je me souviens qu’on se passait ses cassettes sous le manteau ».
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