Gilles Richard est président de la Société française d’histoire politique et professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Rennes-II. Il a écrit Histoire de l’UDF (avec Jean-François Sirinelli et Sylvie Guillaume, Presses universitaires de Rennes, 2013) et Histoire des droites en France. De 1815 à nos jours (Perrin, 2017).
François Bayrou a-t-il une chance de mettre fin au blocage politique actuel et de trouver des majorités au Parlement lui permettant d’agir ?
Personne ne peut le dire, mais il a des atouts dans son jeu. Il est capable de résister à Emmanuel Macron parce qu’il a une longue expérience politique et a l’immense avantage, par rapport au président, d’avoir une connaissance parfaite des forces politiques, de la carte électorale et même de la société.
Il a construit sa position « centriste » depuis longtemps. Il a noué des relations avec les droites dans le cadre de l’UDF et avec les gauches, du moins dans leurs versions socialiste et écologiste. Enfin, il a pris des positions originales : il n’a pas approuvé la loi sur les retraites en 2023 ; il a apporté sa signature à Marine Le Pen, lors de la présidentielle de 2022, pour « sauver la démocratie », avait-il dit ; il est pour la proportionnelle… Tous ces éléments en font un personnage complexe.
Il a une culture politique démocrate-chrétienne forgée tout au long de son parcours politique dans les formations issues du Mouvement républicain populaire, dont son père était un élu local. Les démocrates-chrétiens ont toujours été les plus constants à se prétendre au « centre », héritage de la doctrine sociale d’une Eglise soucieuse de réconcilier patrons et ouvriers. Imprégné de cette tradition, Bayrou est capable de faire des compromis avec un camp ou l’autre. Mais comment va-t-il utiliser ces atouts, nul ne le sait encore.
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