L’ancien président de la République François Hollande a créé la surprise samedi 15 juin en annonçant sa candidature aux élections législatives dans la première circonscription de Corrèze, faisant ainsi son retour dans la vie politique.
S’exprimant à Tulle dans l’après-midi, François Hollande a justifié son choix de se présenter par « le danger » que représente l’extrême droite, qui « n’a jamais été aussi proche du pouvoir » : « si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai estimé que la situation était grave ». « A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle », a-t-il encore déclaré. Il a expliqué avoir trois priorités : la France, le progrès et la Corrèze.
Si l’entourage de M. Hollande a affirmé dès samedi matin que l’ex-chef de l’Etat serait candidat sous la bannière du Nouveau Front populaire, l’annonce semble avoir pris de court le Parti socialiste (PS).
« Je n’étais pas au courant », a lâché dans l’après-midi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, présent dans la manifestation parisienne contre l’extrême droite, tout en actant la candidature de M. Hollande : « Toutes celles et ceux qui adhèrent (au) projet et qui sont prêts à défendre ensemble les couleurs de ce Nouveau Front sont les bienvenus, donc je prends acte et j’espère qu’il fera une campagne active ».
« François Hollande a déclaré cette semaine qu’il se reconnaissait dans la démarche et le projet du Nouveau Front populaire. Dans ces conditions, nous prenons acte du choix de la fédération de Corrèze de l’investir », a ensuite écrit le PS sur X. L’ex-député socialiste est ainsi investi dans cette circonscription qui avait initialement été attribuée au maire de Tulles Bernard Combes.
« Pathétique » pour Eric Dupond-Moretti
Jeudi soir, l’ancien chef de l’Etat, qui est détesté par une partie de la gauche radicale et entretient des relations glaciales avec M. Faure, s’était dit « favorable » à l’union à gauche sous la bannière du Nouveau Front populaire pour faire barrage à l’extrême droite.
Il avait plaidé, au second tour, pour un soutien aux candidats les mieux placés pour « éviter l’extrême droite », même s’ils sont « LR ou de la majorité présidentielle », défendant un principe de « désistement » de la gauche le cas échéant. « Nous devons tous faire preuve de responsabilité », « nous devons tout faire pour que l’extrême droite ne parvienne pas au pouvoir en France », avait martelé François Hollande.
Le député « insoumis » sortant François Ruffin, un des architectes du Nouveau Front populaire, a paru circonspect à l’idée que M. Hollande soit investi sous cette bannière. « Est-ce qu’on peut croire que M. Hollande s’est converti en une nuit ? Que d’un seul coup le voilà favorable à la retraite à 60 ans, que d’un seul coup le voilà favorable à l’indexation des salaires sur l’inflation ? J’en doute », s’est-il demandé.
« Ce dont je me réjouis, c’est que François Hollande soit intervenu pour dire qu’il soutenait l’union et le Nouveau Front populaire », a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, sur BFM-TV.
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Le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, a, lui, ironisé sur la candidature de l’ancien président, qu’il trouve « pathétique ». « Je suggère à Monsieur Hollande de prendre Philippe Poutou [du Nouveau Parti anticapitaliste, candidat dans l’Aude] comme suppléant, ça fera un très bel attelage », s’est-il moqué.