Home Finance le RN à tâtons, le « Nouveau Front populaire » au canon

le RN à tâtons, le « Nouveau Front populaire » au canon

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Le «  Nouveau Front populaire » a présenté, vendredi 14 juin, son programme. Sans surprise, la coalition de gauche souhaite revenir dès son éventuelle arrivée au pouvoir sur la réforme emblématique du début du quinquennat : celle des retraites, qui acte un passage de l’âge légal de départ à 64 ans. Outre l’abrogation immédiate de cette réforme, qui conduirait à un retour à l’âge légal de départ à 62 ans, la coalition de gauche souhaite notamment l’augmentation de la pension minimale, une indexation des pensions sur les salaires et non plus sur l’inflation (ce qui les ferait augmenter plus vite). Enfin, à plus long terme, « l’objectif commun du droit à la retraite à 60 ans » est réaffirmé. Retour avant 2012 !

Rien d’étonnant à cette volonté de remettre en cause très vite la réforme menée par le gouvernement Macron : l’opposition au report de l’âge de départ à la retraite est un marqueur commun des différents partis de gauche. Mais l’attitude du « Nouveau Front populaire » vis-à-vis de la réforme des retraites tranche avec celle du RN, nettement moins pressée, semble-t-il, de revenir sur la réforme des retraites.

Pourtant opposé à la réforme Borne, le Rassemblement national semble avoir fait temporairement machine arrière. Jordan Bardella, le président du parti, a déclaré récemment que la remise en cause arriverait « dans un second temps ». Mais le parti d’extrême droite ne semble pas avoir totalement abandonné l’idée, et souhaite même un retour à 60 ans dans certains cas.

Déficit du régime des retraites

Une attitude en apparence plus prudente que celle du NFP qui pourrait s’expliquer par la situation de notre régime de retraites ? Jeudi, le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) a publié son rapport annuel et estime que le déficit en 2030 sera plus élevé que prévu (à – 0,4 %). Revenir en arrière nous coûterait cher. La réforme Borne permettait en effet d’économiser environ 17 milliards d’euros à l’horizon 2030. Une bascule à 60 ans coûterait quant à lui 53 milliards selon Renaissance qui a fait de l’économie son angle d’attaque, et qui a chiffré le programme du NFP.

Tandis que l’augmentation du minimum contributif et du minimum vieillesse coûterait 24 milliards, et l’indexation du montant des retraites sur les salaires 9 milliards, toujours selon Renaissance. Si l’on revient un peu en arrière, l’Institut Montaigne, qui avait fait des estimations pour les programmes de la présidentielle 2022, estimait le retour à 60 ans combiné à une augmentation de la pension minimale (proposition de Jean-Luc Mélenchon) à 85 milliards. La proposition de Marine Le Pen (le retour à 60 ans dans certains cas) était chiffrée à 26,5 milliards.

Évidemment, le « Nouveau Front populaire » a promis tout un tas de mesures pour financer ce retour en arrière (soumettre à cotisation les dividendes, l’épargne salariale, les rachats d’action, les heures supplémentaires, ou encore augmenter les cotisations vieillesse de 0,25 point par an pendant cinq ans), mais impossible de savoir si cela sera suffisant pour éponger l’énorme trou creusé. Et en attendant, les marchés scrutent d’un air inquiet la situation de nos finances publiques combinée à nos soubresauts politiques. Les taux d’intérêt à 10 ans ont bondi la semaine dernière, et le spread avec l’Allemagne s’est creusé, au plus haut depuis 2017. Stratégiquement, rien d’étonnant donc à ce que le RN, qui essaye de conquérir les milieux économiques, paraisse plus prudent que le NFP, tout en gardant une porte ouverte pour continuer à convaincre au sein d’un électorat plus populaire.


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