Gabriel Attal appelle à un « sursaut d’autorité » à Viry-Châtillon, dix jours après le meurtre de Shemseddine, 15 ans

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Pour marquer ses cent premiers jours à Matignon, le premier ministre, Gabriel Attal, se trouve dans l’Essonne, jeudi 18 avril, pour dévoiler son « plan » visant à replacer « l’autorité au cœur de la République ». Depuis Viry-Châtillon – ville ébranlée récemment par la mort de Shemseddine, 15 ans, battu jusqu’à ce que mort s’ensuive près de son collège –, le chef du gouvernement a appelé à un « sursaut d’autorité ».

« Que voit on aujourd’hui ? L’autorité et la règle sont trop souvent défiés par certains jeunes », a-t-il fustigé dès le début de son discours, avant d’ajouter : « Cela nous rappelle ce sentiment qu’une partie de nos adolescents glisse lâchement dans une forme d’isolement, d’individualisme et parfois même vers le pire, vers une forme de violence déchaînée, morbide, sans règles. »

« Comment expliquer ce glissement d’une partie de notre jeunesse ? Comment accepter qu’on s’en prenne à un proviseur, à un jeune garçon parce qu’il parle avec une fille ? (…) Comment accepter qu’on touche, on salisse, qu’on s’en prenne à ce qu’il y a de plus sacré en République ? », a-t-il interrogé depuis Viry-Châtillon. Dénonçant une « spirale d’affaiblissement de l’autorité » et un « déferlement de violence », M. Attal a constaté qu’on « fait rarement grève contre l’incivilité. On ne fait pas souvent de grandes manifs pour l’autorité à l’école, on ne fait pas de mouvement social contre la violence ». « Et pourtant les Français ne supportent pas, ou plutôt ne supportent plus qu’on puisse s’affranchir de la règle commune », a-t-il poursuivi.

Avant son discours, M. Attal, qui est accompagné des ministres Nicole Belloubet (éducation) et Éric Dupond-Moretti (justice), de la ministre déléguée Sarah El Haïry (enfance, jeunesse, famille) et de la secrétaire d’Etat Sabrina Agresti-Roubache (ville et citoyenneté), a échangé avec les équipes et les bénéficiaires de la maison des jeunes et de la culture de Viry, selon Matignon

« L’autorité doit s’appliquer partout »

« L’autorité doit s’appliquer partout, pour tous », a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, en annonçant ce déplacement. Le premier ministre doit « détailler un plan d’action bien précis sur cet enjeu qui est attendu de tous, dans la continuité de notre action depuis 2017 », a-t-elle ajouté.

M. Attal devrait notamment y annoncer le lancement d’une large concertation sur la violence des mineurs, souhaitée par Emmanuel Macron. « Le surgissement de l’ultraviolence dans le quotidien, chez des citoyens de plus en plus jeunes, exige un travail de temps long et qui engage tous les acteurs », a déclaré le chef de l’Etat à l’occasion du conseil des ministres mercredi, selon un participant qui a parlé à l’Agence France-Presse (AFP).

Quatre jeunes hommes, trois mineurs et un majeur, ont été mis en examen pour assassinat après la mort, au début d’avril, de Shemseddine, roué de coups près de son collège pour un différend lié à la sœur de deux d’entre eux. Ils ont tous été placés en détention provisoire. Le déplacement du premier ministre à Viry-Châtillon comportera aussi un volet judiciaire et un autre sur le « rôle de l’école », en particulier sur la question des internats, a appris l’AFP de source gouvernementale.

Crises

Entre le mouvement des agriculteurs, le dérapage budgétaire, les secousses dans le camp présidentiel après l’adoption de la loi « immigration » et la menace constante d’une motion de censure à l’Assemblée nationale, les crises ont jalonné les premiers pas de M. Attal à Matignon. Dans une vidéo publiée sur le réseau social X, jeudi matin, le premier ministre a réaffirmé sa détermination « totale ». « Dans un contexte où il y a des difficultés, où il y a des Français qui doutent, qui souffrent, qui sont inquiets, on arrive à se parler », a assuré le chef du gouvernement. « Tout ne peut pas se régler en un jour », a-t-il cependant averti.

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Outre l’autorité et l’éducation, des sujets qui avaient été au centre de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée à la fin de janvier et au début de son mandat, le premier ministre entend également investir le thème du travail, avec une nouvelle réforme attendue de l’assurance-chômage pour en durcir les conditions, malgré les réserves de son camp. Il propose en particulier de réduire la durée d’indemnisation ou d’augmenter le temps de travail nécessaire pour bénéficier d’une indemnité afin d’« inciter davantage à la reprise de l’emploi ».

Le chef du gouvernement souhaite faire de la défense de la « classe moyenne qui travaille » le fil conducteur de son passage à Matignon. « Il y a un mouvement social dans le pays qui n’a pas de porte-parole, qui ne dit pas son nom, qui n’est pas qualifié comme tel. C’est la classe moyenne qui travaille. Et qui a le sentiment qu’elle a tous les devoirs, quand d’autres ont parfois tous les droits », expliquait-il au début d’avril au Monde.

Le premier ministre devra également s’atteler aux finances publiques, dont les recettes sont plus faibles qu’attendu, selon l’exécutif. Alors que cette situation financière a provoqué des tensions dans le camp présidentiel – entre M. Macron et son ministre de l’économie, Bruno Le Maire –, et avant que ne se profile un automne budgétaire périlleux au Parlement pour M. Attal, le gouvernement doit trouver 10 milliards d’euros d’économie supplémentaire pour l’année 2024. Puis, en 2025, le gouvernement souhaite réaliser de nouveau 20 milliards d’économies, contre 12 initialement prévu, avec l’objectif de parvenir sous 3 % du produit intérieur brut en 2027.

Dans un avis rendu public mercredi, le Haut Conseil des finances publiques sur le plan de stabilité pour la période 2024 à 2027 a néanmoins estimé que la trajectoire budgétaire de l’exécutif manquait de « crédibilité » et de « cohérence ». Dans ce contexte budgétaire et politique tendu pour Emmanuel Macron, les prochaines semaines à Matignon seront aussi marquées par la campagne des élections européennes, où la liste du camp présidentiel menée par Valérie Hayer est en difficulté face à celle du Rassemblement national portée par Jordan Bardella qui caracole en tête des sondages.

Le Monde avec AFP

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