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« J’ai eu besoin de me retrouver avec des gens qui comprennent l’urgence pour notre communauté »

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Alors que le cortège de la Pride s’élance dans les rues de Rouen, samedi 22 juin, Alexane, 25 ans, lève sa pancarte vers le ciel. « Le RN [Rassemblement national] c’est comme ton ex, il dit qu’il a changé, mais c’est faux. » La jeune femme, drapeau bisexuel bleu, magenta et lavande sur les épaules, défile pour la deuxième fois dans la capitale normande. Elle constate une Pride « plus politisée que la dernière fois ».

Une impression partagée par de nombreuses personnes habituées à défiler dans la ville aux cent clochers. Suzanne, 27 ans, originaire de Rouen, juge la marche de cette année « plus amère et moins festive ». « Il y a plus de slogans que les autres années et je reçois beaucoup de soutien par rapport à ma pancarte », observe celle qui se définit comme une « femme saphique ». Elle la brandit au-dessus de sa tête : « Protect Queer Lives, Non au RN, Toustes aux urnes le 30/06 et le 07/07 ».

Comme au sein de beaucoup de Prides, la question d’un appel à faire barrage au RN, voire à voter Nouveau Front populaire (NFP), s’est imposée après la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin. Le Centre LGBTQI+ de Rouen, qui organise la marche, s’est finalement contenté de la première option. Mais c’est un appel du groupe d’action féministe de Rouen à voter pour le NFP qui, lors des discours liminaires, a suscité le plus d’applaudissements.

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A Rouen, comme à La Rochelle ou à Lille, les appels à voter en faveur du NFP ont été nombreux, même si certaines associations ne sont pas toujours enclines à adopter une posture partisane. « Les cortèges revendicatifs ont été beaucoup plus gros cette année que les années précédentes, confirme Tristan Haute, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Lille et spécialiste des comportements électoraux de la communauté LGBT+. Je n’ai pas de souvenir d’une telle politisation des Prides en 2022, alors que la période coïncidait tout autant avec les élections législatives. »

Un enjeu pour le Nouveau Front populaire

Cette politisation de la jeunesse est bienvenue pour la gauche, alors que les 18-24 ans ont été, lors des élections européennes, la seule classe d’âge à placer La France insoumise (LFI) en tête, assez largement devant le RN. Mais si, dans la communauté LGBT+, le soutien aux forces de gauche est d’autant plus marqué, « l’enjeu, pour le Nouveau Front populaire, reste la remobilisation électorale de cette classe d’âge, qui est sujette à une très forte abstention », explique Tristan Haute.

Tarik, tout juste 31 ans et représentant du collectif parisien Les Inverti·e·s, observe un « sursaut » chez les jeunes de sa communauté. « Depuis le 9 juin, on est passé de réunions de trente personnes à plus de soixante-dix à chaque fois. Ça en devient presque des AG », se félicite-t-il. Originellement « de gauche mais apartisan », le collectif a cette fois appelé à s’engager pour le NFP, dans une tribune très suivie par la communauté LGBT+. Dans le même temps, ses membres ont investi les Prides et les milieux festifs pour tracter et encourager au vote. Une première pour nombre d’entre eux.

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