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questions sur une justice d’exception pour les militants indépendantistes

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Une telle décision n’avait pas été prise par la justice en Nouvelle-Calédonie depuis la tragédie d’Ouvéa, en 1988, quand les Kanak accusés d’avoir pris en otage des gendarmes et tué quatre d’entre eux, à l’acmé des « événements », ont été incarcérés en métropole. A l’époque, quarante personnes avaient été inculpées du chef d’assassinat, une procédure close par une amnistie générale, en 1989.

De vives réactions ont ainsi suivi le placement en détention provisoire dans l’Hexagone, samedi 22 juin, de sept militants indépendantistes de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), l’organisation accusée d’avoir commandité les émeutes qui détruisent le Grand Nouméa depuis le 13 mai. L’Union calédonienne (UC), principale et radicale composante du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui a créé la CCAT fin 2023 pour mobiliser contre la réforme du corps électoral, a immédiatement accusé l’Etat de procéder à « une déportation politique ». « L’Etat français et sa justice néocoloniale veulent réduire toute la mobilisation pacifique et la révolution qui s’est enclenchée le 13 mai au soir à des actes de terrorisme », avait ajouté la CCAT, qui tient là ses martyrs. En précisant : « Les prisonniers politiques ont fait appel. »

Animées par un sentiment d’injustice mêlé de haine de l’Etat parmi les Kanak, des violences ont de nouveau éclaté dimanche, cette fois sur tout le territoire néo-calédonien. « Aujourd’hui, les mobilisations s’étendent vers le nord et les îles sans plus aucune maîtrise », avertissait encore le communiqué de la CCAT.

Hippolyte Sinewami Htamumu, le président du conseil des grands chefs coutumiers, s’est exprimé, mercredi 26 juin, pour « dénoncer le manque de transparence et d’impartialité de la justice dans la gestion de ce conflit », « condamner les éléments de langage utilisés par le procureur de la République en Nouvelle-Calédonie, qualifiant d’un côté les “émeutiers” et de l’autre les “voisins vigilants”, questionnant ainsi l’impartialité de la justice », et pour « dénoncer l’envoi en France de prisonniers politiques rompant leur lien à la terre et le lien avec leur famille ».

« Une véritable opération militaire »

« Ce à quoi on assiste aujourd’hui est inédit. Cela va appeler des décisions de justice inédites, des plaidoiries en défense inédites », indique au Monde Pierre Ortet, conseil de Christian Tein, incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin). M. Tein, porte-parole de la CCAT et commissaire général de l’UC, avait été invité par Emmanuel Macron aux discussions politiques qu’il a menées, le 23 mai, à Nouméa. « On parle de plus d’un millier de faits qui vont être reprochés. Concrètement, il va y avoir un travail de titan à réaliser. Il va falloir travailler avec une pluralité d’avocats et en synergie, vu que certains des clients seront en métropole », poursuit Me Ortet.

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