Home Politique La Polynésie française s’inquiète d’une contagion sociale depuis la Nouvelle-Calédonie

La Polynésie française s’inquiète d’une contagion sociale depuis la Nouvelle-Calédonie

0

« Pas de risque de contagion », assure Moetai Brotherson, le président indépendantiste de la Polynésie française, à propos des violences qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai. « Je n’en serais pas si sûr, Papeete a déjà brûlé deux fois », nuance Patrick Galenon, secrétaire général du premier syndicat polynésien, la CSTP-FO. « L’écart entre riches et pauvres continue à augmenter, les familles ne peuvent plus se loger, même en contrat à durée indéterminée. Il y a des Porsche partout, mais aussi trois fois plus de sans-abri qu’avant la pandémie de Covid-19. L’espoir suscité auprès des populations défavorisées par l’arrivée des indépendantistes est déçu en Polynésie comme en Nouvelle-Calédonie », assure-t-il.

Quant au prédécesseur de M. Brotherson, l’autonomiste Edouard Fritch, président polynésien de 2014 à 2023, il estime cette contagion possible si les élus attisent la haine. « Des émeutes en Polynésie, c’est un risque si on continue à tenir des propos racistes comme le pasteur Mitema Tapati ou Ronny Teriipaia. » Le premier est un élu indépendantiste à l’assemblée locale, qui a regretté le « blanchissement » de la population. Le second est ministre de l’éducation dans le gouvernement Brotherson et a parlé d’« invasion » en Polynésie. Tous deux sont poursuivis par Edouard Fritch pour provocation à la discrimination raciale.

Au quotidien, pourtant, il y a peu de tensions ethniques en Polynésie. Les Polynésiens sont largement majoritaires dans leurs îles, au contraire des Kanak, qui ne représentent que 41,2 % de la population, selon le référendum de 2019 en Nouvelle-Calédonie. L’Institut de la statistique en Polynésie française, lui, ne dispose pas de chiffres sur les origines ethniques.

Un projet de citoyenneté polynésienne

S’il y a beaucoup moins de problèmes communautaires, c’est aussi parce que la population est très métissée en Polynésie, comme en témoignent les patronymes de personnalités politiques comme Edouard Fritch, Moetai Brotherson ou le président de l’Assemblée, Antony Géros. Il subsiste une communauté chinoise et une communauté popa’a (blanche), mais elles sont très minoritaires et ne détiennent pas de pouvoir politique. Les 57 représentants à l’Assemblée sont des Polynésiens ou des « demis » (métis).

Le contexte social et démographique est donc très différent de la Nouvelle-Calédonie, où la population est peu métissée et où les Kanak sont minoritaires sur leur propre terre. Le député polynésien Tematai Le Gayic, de la formation indépendantiste Tavini huiraatira, défend toutefois un projet de citoyenneté polynésienne, qui serait réservée aux enfants de Polynésiens, aux natifs et aux résidents de très longue date. « Sociologiquement, ce n’est pas pertinent », objecte Sémir Al Wardi, professeur en science politique à l’université de la Polynésie française. Il rappelle que les popa’a de passage, comme les enseignants ou les gendarmes, votent peu aux élections locales.

Il vous reste 57.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile