« Incompétence ». Le terme a été répété six fois lors du débat d’orientation et de programmation sur les finances publiques, organisé à l’Assemblée nationale, le 29 avril. Alors que l’exécutif affronte depuis deux mois une succession de mauvaises nouvelles sur le plan budgétaire, avec des chiffres inférieurs aux prévisions, les oppositions prennent un malin plaisir à contester la crédibilité économique du gouvernement, jusqu’ici l’un de ses principaux atouts politiques. Et devraient répéter l’exercice ce lundi 6 mai à l’occasion d’une nouvelle séance de questions consacrée au sujet.
« Nous ne pouvons que constater l’étendue des dégâts et de votre incompétence. Il n’y a pas de quoi être fier », s’est délecté le 29 avril le député socialiste Boris Vallaud, devant les ministres de l’économie et des comptes publics, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, assis devant lui. « Si ce n’est de l’insincérité, alors cela s’apparente à de l’incompétence », a ajouté l’élu communiste Nicolas Sansu.
Brandissant les « 2 500 courriers demandant toujours plus de dépenses » écrits par les oppositions depuis 2020, le ministre de l’économie a renvoyé ces dernières à leurs contradictions : « A l’excès d’indifférence a succédé l’excès d’alarmisme, l’un comme l’autre sont néfastes pour la France. »
Des sujets de préoccupation
Malgré l’absence de sanction des agences de notation le 26 avril, les récentes données positives sur l’investissement étranger en France, et la publication de chiffres de croissance encourageants au premier trimestre, la situation des comptes publics est devenue une source de vulnérabilité pour l’exécutif, qui avait, depuis 2017, fait de sa compétence en matière économique un élément de différenciation fort vis-à-vis des oppositions. Et en avait tiré un solide capital politique, constant au cours des dernières crises.
« On observe une fragilisation dans l’opinion sur ces questions de dette et de déficit pour l’exécutif, qui étaient des éléments correctement évalués au début du premier quinquennat », souligne Emmanuel Rivière, spécialiste de l’opinion et directeur associé de l’agence Grand Public. La difficulté, poursuit-il, c’est que la promesse initiale de 2017 reposait en partie sur la capacité à revisiter le fonctionnement d’un système jugé coûteux, peu efficace et source de gaspillage. « Cela s’est produit sur le fonctionnement des partis politiques, qu’il a fait éclater, mais sur le reste, la situation des finances publiques accrédite l’idée qu’il n’est pas complètement au rendez-vous », note-t-il.
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