Home Politique Le spectre d’une chute du gouvernement Barnier fait frissonner les marchés

Le spectre d’une chute du gouvernement Barnier fait frissonner les marchés

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Si le gouvernement tombe, « il y aura une tempête probablement assez grave » sur les marchés financiers. La prophétie de Michel Barnier, mardi 26 novembre sur TF1, est-elle déjà en train de se réaliser, peut-être, en partie, parce que le premier ministre l’a formulée ? Le spectre d’une France sans gouvernement ni budget commence en tous les cas à donner de sérieux frissons aux investisseurs.

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Pour preuve, la tension soudaine, mercredi 27 novembre, sur les marchés financiers. A l’approche d’une possible motion de censure de la gauche, qui serait soutenue par le Rassemblement national (RN) pour faire tomber le gouvernement Barnier dans les prochaines semaines, les banques réclament, dès maintenant, de percevoir des intérêts plus élevés pour prêter de l’argent à la France, perçue comme un pays moins sûr qu’auparavant. Mercredi, cette hausse des taux a fait piquer du nez les actions des grandes banques en bourse, et le CAC 40 a reculé de 1,4 % en séance, une baisse plus marquée que pour tous les autres indices boursiers européens.

« Les marchés sont très inquiets, constate Bruno Cavalier, économiste en chef chez Oddo BHF. Redresser les comptes publics demande d’agir dans la durée. Or, Michel Barnier est déjà en sursis, et la France pourrait finir l’année sans avoir adopté de budget pour la suivante. On risque d’entrer dans un territoire inconnu, sans carte, sans plan. Les marchés mettent un prix sur ce risque, de plus en plus élevé. »

« Pas de répit à court terme »

C’est dans la différence entre les taux exigés de la France et ceux pratiqués à l’égard de l’Allemagne que cette « prime de risque » se lit le mieux. Là où les banques prêtent à l’Allemagne à un taux d’intérêt de l’ordre de 2,16 % par an sur dix ans, elles demandaient 3,04 % à la France, mercredi midi. Soit un écart de 0,88 %. Dans la matinée, cet écart, ce « spread » selon le terme anglais consacré, a même culminé à 0,90 %. Du jamais-vu depuis une douzaine d’années.

Entre la France et l’Allemagne, cette différence de taux n’était que de 0,20 % en janvier 2021, au moment de la crise du Covid-19. Mais, au fil des ans, elle n’a cessé de s’accroître doucement, les investisseurs constatant que l’Allemagne revenait vite à son légendaire sérieux budgétaire – quitte à entrer en récession – tandis que la France maintenait son « quoi qu’il en coûte » et laissait filer le déficit. Avec la dissolution de l’Assemblée nationale, prononcée par Emmanuel Macron le 9 juin, et l’hypothèse d’une arrivée de la gauche ou de l’extrême droite au pouvoir, l’écart s’est aggravé d’un coup, passant en quelques jours de 0,40 % à 0,75 %. A présent, la menace d’une chute du gouvernement et de son budget l’ont porté un cran plus haut.

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