Home Politique les femmes sont-elles investies dans les circonscriptions les moins favorables ?

les femmes sont-elles investies dans les circonscriptions les moins favorables ?

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Après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, Emmanuel Macron, le 9 juin, les 577 sièges de députés sont remis en jeu le 30 juin et le 7 juillet. Alors que seulement 37,3 % des élus sortants sont des femmes, les quatre principales forces politiques en lice – Nouveau Front populaire (NFP), Ensemble, Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN) – respectent-elles la parité dans les candidatures ?

La réponse est non : seuls 42,3 % des aspirants députés sont des femmes alors que la loi du 4 août 2014 impose la parité sous peine d’amende, avec une marge de 2 % du nombre total de candidats. Aucune de ces quatre forces politiques ne respecte la stricte parité, même si le NFP et le RN s’en approchent, contrairement à LR, en queue de peloton.

Une parité à nuancer selon le profil des circonscriptions

Toutefois, approcher la parité dans les investitures n’implique pas que ce relatif équilibre se retrouve dans le nombre d’élues. Il est fréquent que les candidates soient investies dans des circonscriptions plus difficiles à gagner que leurs homologues masculins – comme c’était le cas en 2017.

Pour le vérifier, nous avons projeté les résultats des élections européennes sur les 577 circonscriptions. Ce scrutin a l’avantage d’illustrer la dynamique électorale la plus récente, même si l’ancrage local et la notoriété des politiques lors des élections législatives, couplés à un électorat plus mobilisé, empêchent d’affirmer que les votes aux européennes se calqueront de la même manière sur les circonscriptions lors des législatives. D’autant plus que les modes de scrutin sont différents : un scrutin national à la proportionnelle à un tour pour les européennes, 577 élections majoritaires à deux tours pour les législatives.

Nous avons regroupé, sous la bannière du RN, les investitures du parti et de l’alliance réalisée avec Eric Ciotti. Les scores des listes de gauche, concurrentes aux élections européennes, ont été additionnés depuis leur décision de s’unir sous les couleurs du NFP aux législatives. Ensuite, parti par parti, nous avons distingué cinq typologies de circonscriptions :

  • « très défavorables » : lorsque le score du parti aux élections européennes est inférieur de 6 points ou plus à la moyenne nationale ;
  • « défavorables » (de − 6 à − 2 points d’écart avec la moyenne) ;
  • « moyennes » (− 2 à + 2 points) ;
  • « favorables » (+ 2 à + 6 points) ;
  • « très favorables » (+ 6 points et plus).

Nous avons ensuite regardé combien de femmes étaient présentes dans chaque catégorie. Tous partis confondus, elles sont à 41,4 % investies dans des circonscriptions très défavorables et défavorables.

Le RN réserve les circonscriptions gagnables aux hommes

Le RN est plutôt parmi les bons élèves concernant la proportion de femmes investies. Pourtant, un écart se creuse et la tendance s’inverse dans les circonscriptions gagnables et celles vouées à l’échec. Dans les territoires où le RN a réalisé de très bons scores aux européennes (plus de 37,4 % des voix, soit 6 points de plus que la moyenne nationale), plus de deux tiers des investitures ont été attribuées à des hommes. A l’inverse, dans les circonscriptions où les chances d’être élu sont infimes, on dénombre 96 femmes pour 56 hommes.

Ses rivaux LR ne font pas mieux. Seules 15 femmes sont investies dans les circonscriptions favorables et très favorables, contre 37 hommes. La droite n’a déposé que 325 candidatures au total et leur score trop faible aux européennes (7,25 % des voix) empêche de mettre en lumière des statistiques dans la catégorie de circonscriptions « très défavorables ». Tous types de circonscriptions confondues, Ensemble investit plus d’hommes que de femmes mais l’écart se creuse sensiblement à partir des circonscriptions « moyennes » (196 d’entre eux pour 137 femmes). C’est du côté du NFP que l’on retrouve le plus de femmes qui ont des chances d’être élues. Si elles sont plus nombreuses dans les circonscriptions favorables, leurs congénères masculins prennent en revanche la main dans les circonscriptions très favorables.

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