En cas de cohabitation, la décision d’engager les forces armées peut être un sujet de tension
Sur le papier, la décision d’envoyer des troupes revient au président de la République sur la base de l’article 15 de la Constitution. Cependant, en cas d’opération extérieure de plus de quatre mois, le Parlement doit donner son autorisation. « La nature des personnalités compte beaucoup. Dans des cercles restreints, soit on peut travailler ensemble… soit non », relève un observateur.
Ainsi, la défense peut devenir un champ de bataille politique ou un terrain de négociation maîtrisé. « Tout dépend si le premier ministre choisit d’en faire un marqueur de différence », note Camille Grand, politiste et chercheur en relations internationales, relevant le pragmatisme de Giorgia Meloni, la présidente d’extrême droite du conseil italien. « Elle est devenue atlantiste et s’est ralliée à la politique de l’Union européenne dès lors qu’elle a été élue [en octobre 2022] », rappelle-t-il.
En France, il existe par ailleurs de nombreux garde-fous. « Quand il a pris place au conseil de défense [lors de la première cohabitation, entre 1986 et 1988], Jacques Chirac [devenu premier ministre] a commencé à vouloir mettre son grain de sel dans tous les dossiers, rappelle M. Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique. Il y a eu des moments de tension, mais François Mitterrand, tout en rappelant qu’il était le patron, a su habilement associer son premier ministre à la discussion. »
Hier, Marine Le Pen a déclaré que le « chef des armées, pour le président, c’est un titre honorifique, puisque c’est le premier ministre qui tient les cordons de la bourse », au Télégramme, avant de préciser ce matin sur X qu’elle ne « remett[ait] pas en cause le domaine réservé du président de la République, en matière d’envoi de troupes à l’étranger » et que « le premier ministre a, par le contrôle budgétaire, le moyen de s’y opposer ».
Pour rappel, Jordan Bardella, lors de la présentation du programme du RN, s’est dit contre « l’envoi de troupes sur le sol ukrainien » et « de missiles longue portée ou de matériel militaire » qui pourraient « frapper directement les villes russes ».
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