59 mesures présentées sur 58 pages : Les Républicains (LR) ont dévoilé mardi 14 mai leur programme détaillé pour les élections européennes du 9 juin. Dans son introduction, leur tête de liste, François-Xavier Bellamy, écrit : « Il n’y a pas de fatalité. Nous avons tout pour réussir. » La phrase sonne comme un plaidoyer pro domo d’un parti en crise, mais évoque d’abord l’Europe et la France.
La droite et son candidat veulent s’attaquer à ce qu’ils appellent un « double décrochage », celui de l’Europe dans le monde et de la France à l’échelle continentale. Ambitieux pour une formation politique enlisée à 6,5 % dans les sondages (selon l’enquête de l’Ipsos, en partenariat avec le Cevipof, l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde, publiée le 29 avril), et qui est menacée de n’avoir plus aucun élu au Parlement européen en cas d’un résultat inférieur à 5 %.
Pour LR, la problématique reste la même : desserrer l’étau formé par le camp présidentiel d’un côté et le Rassemblement national (RN) de l’autre. Comme depuis des mois, la formation de droite met en avant sa compétence supposée et tant pis si sa culture de gouvernement commence à dater. Son président, Eric Ciotti, salue ainsi le travail réalisé sur le programme par Emmanuelle Mignon, architecte du projet présidentiel de Nicolas Sarkozy en 2007, en douzième position sur la liste du parti aux européennes.
Si François-Xavier Bellamy n’ose pas prononcer le mot, de nombreuses propositions dégagent un parfum de souverainisme européen. « Ce ne sont pas des mesures de protectionnisme que nous défendons dans cette élection, mais que l’Union européenne (UE) en finisse avec une forme de naïveté, cherche à nuancer l’eurodéputé, déjà tête de liste en 2019. Quand les marchés chinois sont fermés à nos entreprises dans certains secteurs, il n’y a aucune raison que nous ouvrions les nôtres à leurs entreprises. Il ne s’agit pas de s’enfermer entre quatre murs, mais d’investir dans les filières stratégiques en Europe. »
« Des normes trop nombreuses »
Dans ce sens, Les Républicains entendent mettre en place un plan « fabriqué en Europe 2030 » pour relocaliser certaines activités et réindustrialiser le continent. Ils plaident pour l’instauration d’une « préférence européenne » pour les marchés publics, en particulier face aux autres pays – comme la Chine – qui favorisent leur industrie et n’assurent pas un accès libre de leur marché aux entreprises européennes.
Malade de sa « naïveté », l’UE le serait aussi à cause d’un « délire normatif », selon LR. Grand classique au niveau national, cette rhétorique est déclinée ici version continentale. « Depuis l’agriculteur et l’artisan jusqu’à la grande entreprise, des normes trop nombreuses et inutiles représentent des coûts importants et nuisent à la création de richesses », peut-on lire. Avec un corollaire simple dans le programme imaginé par Mme Mignon et ses équipes : « Il y a toujours moins de normes quand il y a moins de fonctionnaires. » La droite souhaite donc voir la fonction publique européenne réduite de 25 % dans les fonctions de législation.
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