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« On ne peut pas faire comme si tous les élèves n’étaient que la duplication d’un même élève moyen »

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Le « choc des savoirs », cette batterie de réformes proposée par Gabriel Attal pour redynamiser l’éducation scolaire, mérite-t-il vraiment d’être honni au point d’exiger que l’on entre en résistance contre lui ? Organisations syndicales, représentants de parents d’élèves et collectifs lycéens ont manifesté le 25 mai sur tout le territoire pour protester contre sa mise en place.

La constitution d’un tel front du refus ne peut qu’interpeller : il paraît peu probable qu’un seul puisse en effet avoir raison contre (presque) tous. Mais le « choc des savoirs » représente-t-il vraiment pour l’école une menace existentielle ; ou bien ne pourrait-il pas constituer une occasion de la rendre plus efficace ?

La sagesse cartésienne devrait être ici de mise : « Tout excès ayant coutume d’être mauvais », il importe, avant de hurler avec les loups, de s’interroger sur ce que peut avoir d’excessif la crispation anti-« choc ». Car, malgré les risques qu’elle entraîne, la proposition de « choc des savoirs » ne nous paraît pas mériter le rejet massif dont elle est l’objet, et pour trois grandes raisons. Elle repose sur un constat peu contestable ; elle exprime une conviction bienvenue ; elle désigne un terrain de lutte décisif.

Poids de l’origine sociale

L’idée du « choc des savoirs » est née de la prise de conscience d’une situation peu satisfaisante : en matière de résultats, l’éducation nationale pourrait mieux faire. Les observateurs critiques du travail de l’exécutif sont les premiers à le proclamer, et à juste titre. Trop d’élèves n’obtiennent pas les résultats qu’on serait en droit d’espérer.

Par ailleurs, comme le montrent la plupart des études conduites sur ce sujet, la France est l’un des pays où l’origine sociale pèse le plus fortement sur la réussite scolaire : les inégalités de résultats sont significativement corrélées au milieu social d’appartenance. Enfin, la fragilité scolaire n’est pas répartie équitablement. Il existe des « établissements d’excellence » et, à l’inverse, des « établissements ghettos ».

Cela ne permet certes pas de conclure à un effondrement de l’école publique, ni à une baisse de niveau généralisée. Il faut d’abord reconnaître qu’à l’échelle de l’Europe la France fait parfois mieux que ses voisins. Le système éducatif français est plutôt performant au regard des objectifs européens.

De plus, il ne faut pas être aveugle aux réussites d’enfants appartenant à des catégories sociales défavorisées. Dans son livre Les Intégrés. Réussites de la deuxième génération de l’immigration nord-africaine (Le Bord de l’Eau, 2023), Arnaud Lacheret tend à montrer qu’un regard trop focalisé sur les échecs et les discriminations (qui n’en restent pas moins réels !) laisse dans l’ombre les « réussites ordinaires » (tout aussi réelles !) de tous ceux ayant pu s’intégrer. Ce qui remet en question l’idée d’un ascenseur social en panne, mais invite à « engager une bataille pour le niveau de l’école », bataille dont, nul n’en disconviendra, la nécessité s’impose.

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