Sous la bruine qui trempe les tracts des candidats massés devant le marché de Drancy (Seine-Saint-Denis) ce vendredi 21 juin, Raquel Garrido, tout de noir vêtue sous son parapluie violet, reçoit avec plaisir les mots d’encouragements de celles et ceux qui s’arrêtent pour lui dire : « On est avec vous » ou « ce qu’il vous a fait est injuste ». Une femme traverse la rue pour l’étreindre et lui offrir un petit foulard noir aux motifs colorés. « Je reçois beaucoup de soutien, sourit la députée sortante. Les gens comprennent que j’ai défendu des principes. »
Un peu plus loin, un briscard de la gauche hurle « dégage » à un militant de la droite qui lui rétorque : « Ta candidate, même son parti, il n’en a pas voulu ! » L’échange dure quelques minutes, suffisamment pour que deux passants interrogent : « Elle, c’est bien la candidate pour Mélenchon ? » Depuis le début de la campagne, Raquel Garrido, députée sortante La France insoumise (LFI), en rupture avec la direction de son parti, doit faire face à la concurrence d’Aly Diouara, candidat officiellement investi par LFI.
Plus au sud du département, à Bagnolet, à quelques heures de la Fête de la musique, ce sont les soutiens du député sortant Alexis Corbière qui se démènent. Sur les panneaux d’affichage, installés sur la place de la mairie, son affiche clame « Front populaire ! ». A côté s’étalent les visages de Sabrina Ali Benali, médecin généraliste et urgentiste connue pour sa défense de l’hôpital public, et celui de Jean-Luc Mélenchon surmontés du logo « Nouveau Front populaire » (NFP).
De quoi égarer l’électeur qui n’aurait pas suivi le dernier psychodrame qui déchire la gauche. « C’est vrai, c’est un peu confus pour les électeurs », regrette Raquel Garrido, dont les tracts et les affiches clament « Nouveau Front populaire » et portent les logos de ses soutiens sur le terrain : toutes les forces de la gauche, sauf LFI.
« Pas un coup de fil, pas une explication »
Le 14 juin, à 23 h 30, Raquel Garrido et Alexis Corbière, couple politique et à la ville, découvrent stupéfaits qu’ils ne sont pas investis par LFI. Ils parcourent plusieurs fois la liste publiée sur le site du parti : « C’est comme quand vous cherchez votre nom sur la liste des résultats du bac… », décrit Alexis Corbière. Les téléphones chauffent toute la nuit. Ils sont cinq, parmi la dizaine de frondeurs « insoumis », à faire les frais de cette sanction malgré l’engagement du NFP de maintenir les députés sortants. Le duo Corbière-Garrido, Danielle Simonnet à Paris, Hendrik Davi à Marseille et Frédéric Mathieu en Ille-et-Vilaine (il s’est retiré depuis) sont effacés. « On a compris que c’était une purge, poursuit l’élu. Mais on refuse ces méthodes. On ne peut pas dégager les gens comme ça. »
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