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« Suggérer qu’il faut accorder plus de temps aux citoyens, aux agriculteurs et aux entreprises, contredit le consensus scientifique »

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A l’aube de son second quinquennat, le président de la République déclarait faire de la transition écologique une priorité (« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas », déclarait-il en avril 2022). L’année 2023 a vu le lancement de la planification écologique, l’adoption de plusieurs lois (décarbonation de la production d’énergie, industrie « verte », etc.), le déploiement d’un plan de formation des agents publics aux enjeux environnementaux, l’approfondissement de la démarche « budget vert »… Sept milliards d’euros supplémentaires étaient alloués à la transition écologique dans la loi de finances initiale pour 2024.

Or, en l’espace de quelques semaines, une série de décisions prises pour répondre aux revendications des agriculteurs, puis dans le cadre du plan d’économies budgétaires, questionnent la détermination du gouvernement à respecter le rythme, et les trajectoires qu’il avait lui-même définies et fixées après des concertations et négociations avec les parties prenantes.

Un message d’instabilité

Suggérer que le rythme des changements est trop rapide et qu’il faut accorder plus de temps aux citoyens, aux agriculteurs et aux entreprises contredit le consensus scientifique sur le climat et la biodiversité, et ignore l’accélération visible de la dégradation des conditions environnementales ces dernières années.

Les coupes budgétaires annoncées récemment réduisent l’effort consenti à l’appui de la transition écologique, qui était pourtant déjà inférieur aux besoins estimés par les économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, ainsi que par une centaine d’experts associés, dans leur rapport, commandé par l’exécutif en septembre 2022, sur le financement de la transition écologique.

C’est un message d’instabilité, d’incertitude et de manque d’engagement qui est ainsi envoyé à tous les acteurs. A l’inverse, dans la perspective de nouvelles restrictions budgétaires, les investissements liés à la transition écologique doivent être garantis tout comme les capacités d’autofinancement des collectivités locales, essentielles à leurs propres investissements, préservées.

Nous mesurons déjà le « coût de l’inaction » identifié par l’économiste Nicholas Stern dès 2006, par la hausse des maladies respiratoires liées à la pollution de l’air ou les déperditions d’eau liées à un entretien insuffisant des réseaux de distribution. La Cour des comptes, dans son récent rapport sur l’adaptation au changement climatique, a souligné l’aspect paradoxal des économies réalisées sur la transition écologique, qui impliqueront un coût budgétaire encore plus grand à moyen terme.

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